2016, année blafarde du côté des grosses productions pop-corn. 2016, année riche en tentatives pitoyables de damage control. Entre les dénonciations de complots journalo-maçonniques, les insultes et les citations de révolutionnaires mexicains pour faire bonne figure, Ghostbusters a lui aussi eu le droit à une "défense" qui tapait un peu à côté du problème de fond. Il est évidemment plus simple de se contenter de pointer du doigt les inacceptables dérives misogynes plutôt que de reconnaitre qu'en réalité, beaucoup était tout simplement excédé par le nouveau déterrage d'une franchise des 80's qui n'avait rien demandé. Si j'ai moi-même participé au bien triste record de dislike du premier trailer, j'ai tout de même mieux apprécié ceux qui ont suivi. Je suis donc allé en salle avec une pointe de scepticisme, plutôt curieux de voir ce qu'il en était vraiment.


Ce type de reboot est fatalement propice au jeu des 7 erreurs, bien souvent défavorable pour le nouveau-né. Ghostbusters tente tant bien que mal de s'émanciper de ses ainés tout en remettant l'ensemble de leurs fondations en place: de l'identité visuelle à l'équipement en passant par le mythique hangar. Cette approche presque scolaire qui anime la volonté d'apporter une justification à l'ensemble de ces références frôle presque le syndrome "Jurassic World" : Paul Feig tire à max sur la corde de la nostalgie. Et ce ne sont pas les quelques caméos "superflus" qui vont changer la donne. Le problème c'est que tous ces efforts déployés pour insérer ces reliquats du passé grignotent pas mal sur l'identité propre du film qui peine à s'imposer.


Comme on aurait pu le penser, les scènes d'expositions soulignent bien l'héritage des précédents archétypes. Il n'empêche que l'alchimie du groupe fonctionne et qu'on sent tout de suite que le courant passe bien dans cette distribution teintée Saturday Night Live. Par contre, ça n'enlève rien à l'exécrable direction d'acteurs qui ne pose aucun gardes fous sur leur jeu souvent trop excessif et cabotinant. Kate McKinnon, en plus d'être naturellement insupportable avec ses mimiques outrancières, se voit ainsi gratifiée d'un mini-karaoké venu de nulle part, avec deux chalumeaux en main en guise de micro... Oui oui. Durant cette première partie, Feig joue également la carte de la modernité; chacun de leur fait d'armes ayant le droit à plusieurs épisodes politico-médiatiques débordant sur les réseaux sociaux. Dommage que ça finisse par devenir répétitif.


La construction narrative du reste du film est plutôt "fluide "et lisible. Sa progression par paliers nous offre un petit parallèle entre l'ascension de l'équipe et le plan "machiavélique" de l'antagoniste principal. Bon, il y a comme qui dirait un air de déjà vu, mais mettons ça sur l'exercice du reboot. L'absence totale de difficulté étant déjà beaucoup plus gênante.


Au début le switch de genre ne m'a pas gêné plus que ça; au contraire je trouvais ce petit côté Girl Power plutôt sympathique. Mais encore fois tout est gâché par de très nombreux excès de zèle. Quitter des clichés dépassés et exaspérant pour retrouver les mêmes en inversé...c'est tout aussi dépassé et exaspérant. Transformer Chris Hemsworth en une secrétaire potiche des films des 80's ça ne fait mouche que pendant un court instant. Quel que soit son sexe, ce type de personnage creux ne fait plus rire grand monde. Pire, le film s'enferme dans une sorte de rapport de force caricatural homme/femme. On attribue au grand méchant des répliques machistes ("Vous tirez comme des filles", "Les femmes sont toujours en retard")...pour mieux l'émasculer ensuite. Littéralement.


L'humour se résume à une bouillie de blagues graveleuses, à des quiproquos trop tirés en longueur et à toute une flopée de références à la culture culture pop qu'on balance toutes les cinq minutes. Une écriture facile et sans personnalité qui ne vole pas très haut et qui finit inexorablement par irriter. Néanmoins, je salue le second degré ambiant, qui a au moins le mérite de ne pas créer des ruptures de ton.


Ghostbusters tire un peu plus son épingle du jeu au niveau de ses effets visuels. Non pas qu'ils soient particulièrement réussis, mais disons qu'ils sont dotés d'un aspect ludique bien "pop-corn". Je conseille d'ailleurs de le voir en 3D pour en profiter pleinement. Feige tente en effet de casser le 4e mur pour continuellement nous en mettre plein la figure: des rayons plasma qui sortent du cadre, des multiples projections de slime,... On sent cette volonté d'inclure le spectateur pour qu'il puisse lui aussi vivre une partie de l'expérience des GhostGirls. Le revers de la médaille c'est qu'on se retrouve avec un film un peu tape-à-l'oeil : "Tu l'as vu mon arme ? Elle est trop cool mon arme non ? Yeahhh". D'ailleurs le plan final résume parfaitement cette intention de tendre la main vers le spectateur pour réclamer ses "faveurs". Ce plan large sur les buildings dont les fenêtres éclairées forment des "I ❤GB" sonne presque comme un substrat de la méthode Coué.


Est-ce que j'ai passé un moment désagréable ? Pas tout à fait, on sort presque avec une sympathie pour ce film qui use de tant d'effets pour se faire aimer. Mais une fois ce sentiment rapidement évaporé, on se rend vite compte que le résultat ne vole assurément pas très haut et qu'il accumule de bien trop nombreux défauts...

GigaHeartz
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le 5 août 2016

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