« Librement inspiré de la vie de Damien Vannet », Willy 1er semble affilié à l'école Strip-Tease et Deschiens, voire Dupontel. L'argument général est proche de celui de Bernie, mais vingt ans plus tard le taré enragé a laissé la place à un attardé rêvant d'intégration. À chaque époque ses monstres. Malheureusement Willy 1er n'a ni l'énergie ni la singularité de ces modèles. Il a en revanche un surmoi puissant, châtrant le film sans pour autant être honoré. Le résultat peut être folklorique, il est surtout dévitalisé.
Cette réalisation à quatre têtes complète le tandem avec lequel l'hydre s'incruste sur le marché : une mesquinerie compassionnelle dont un acteur amateur et handicapé est la mascotte. Après Ich bin ein Tata (2015) les réalisateurs attribuent à nouveau une fixette sur l'Allemagne à leurs crétins d'antihéros (dans le court, c'était Damien-ne qui en dressait les louanges). Façon de bien alourdir le dossier à charge – mais tristounet – de pauvres demeurés sur lesquels sont projetés déficiences, excentricités ou autres hontes.
Pour faire rire les auteurs n'ont qu'une méthode : l'humiliation. Quelques petits moments pittoresques surnagent, type demeuré perché ou triso sur sa moto. Ce dernier cas est le seul où le film assume de moquer la fausse puissance de Willy. Quand il veut faire dans le pathétique, il soulève des poids morts. C'est en sautant dans les tréfonds avec Willy bis que la séance décolle un peu. Le spectateur peut se prendre de pitié pour les deux Willy, enfermés dans des ornières – dont chacun sature mais ne sait, pour des raisons différentes, se dépêtrer.
Entourés par les pochards, Willy/Damien se montre faible – c'est probablement tout ce qu'il peut être. Ces dégénérés d'une sous-race répandue poussent au vice, tentent de l'exploiter, lui n'a que sa confusion à opposer. En arrière, le réel des classes populaires miteuses d'une Normandie tirant sur le Nord(-Pas-de-Calais) ; un fond rebattu bon seulement à enfoncer le clou pour pointer la misère et la bêtise, loin d'un détournement maniéré comme Les Ardennes, loin aussi d'être un support à thèse, à psychologie, à 'faire du social' ou encore à fantaisie (comme pratiqué par Quand la mer monte). À la rigueur ce film aurait mieux fait de trancher quitte à être carrément odieux.
Il reste dédaigneux envers ses personnages, foncièrement méchant, mais pleutre et faible. Toute introspection est avortée, s'agissant des personnages, de la démarche probablement, de la vocation de ses motifs. Des montages d'ordinateurs désuets et de vidéos Youtube kikoos kitschouilles sont censés représenter l'univers Willy-esque ; bref on rejette le laid et le mauvais sur des canards boiteux (les apparitions du jumeau fantôme sont davantage prises en mains) sans autre ressource que son ricanement suspendu de hyène à la pensée grégaire et au moralisme naissant. On leur ajoute des débilités sorties de nulle part – comme ce show de travelo sur l'une des chanteuses les moins attractives de France – par son style (ZAZ). Voilà un film névrosé encore plus pathologique que son protagoniste repoussant.
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