Un regard neuf et un grand film
Un film magnifique autant sur le fond que sur la forme. L'usage que fait la réalisatrice de la caméra, en refusant de la cacher, en l'impliquant dans la relation aux jeunes, témoigne d'un profond respect. Elle se refuse ainsi à les "observer", et leur permet au contraire de se faire entendre. Elle échappe ainsi tout autant au voyeurisme qu'à la fascination, ce à quoi il me semble qu'aucun documentaire de ce genre ("la moindre des choses" inclue) n'était jamais parvenu.
Le spectateur n'est pas ménagé, mais invité à mettre du sien, à questionner en permanence ce qu'il voit. Le film est tour à tour drôle, dur, émouvant, fourmille de trouvailles visuelles.
Ce n'est pas parce qu'on fait un docu qu'on doit négliger le rythme, et en cela ce film est un modèle : dans la tentative de saisir ce qui se passe pour ces jeunes, aucune scène n'est inutile. Le montage est fait de telle façon qu'on est à la fois frustré la fin d'une scène, et immédiatement capté par la suivante.
Otero avait été nominée au césar du meilleur documentaire en 2011, je serai surpris que ce ne soit pas à nouveau le cas.