A.K. Akira Kurosawa par Cinemaniaque

A ma droite, un cinéaste français, spécialiste du documentaire intello, fasciné par la culture japonaise, et surtout brillant analyste cinématographique. A ma gauche, un (le ?) des plus grands réalisateurs de l'Histoire du cinéma en train de tourner ce qui sera son ultime chef-d'oeuvre et l'un de ses derniers films. Au milieu, une oeuvre cérébrale, poétique, parfois à la frontière de l'expérimental, et une leçon de cinéma.

Leçon oui, le mot n'est pas usurpé : en ponctuant quelques séquences d'un commentaire dont il a le secret, Chris Marker laisse avant tout le tournage de Ran prendre la place, citant ça et là quelques repères biographiques de Kurosawa pour mieux en discerner l'impact sur son cinéma. Leçon car, derrière les exigences parfois surréalistes de Kurosawa (comme repeindre du blé pour mieux les faire briller dans la nuit), on découvre surtout la méthode de travail du cinéaste, calme mais concis, d'une précision aussi chirurgicale que perfectionniste. Ce n'est pas une technique qui est mise en avant, mais un esprit, l'esprit d'un samouraï qui fascine tant Marker.

Bien sûr, l'oeuvre ne parlera pas à tout le monde, de par son rythme un peu lent, de par sa narration par moment très (trop) intellectuelle au détriment de la beauté, parfois abstraite, de certaines images (les fumées enveloppant les figurants frigorifiés sur le Mont Fuji). MAis ceux qui accepteront de franchir le pas découvriront un immense cinéaste filmé par un très grand, et les amateurs de Kurosawa comme les curieux du documentaire trouveront de quoi nourrir allègrement leurs curiosités.