Et pour quelques métres de plus

Sorti en 1929 et suivi d’une première adaptation cinématographique américaine un an plus tard, À l’Ouest, rien de nouveau est un magnifique roman de l’écrivain pacifiste Erich-Maria Remarque chassé d’Allemagne en 1938 pour ses convictions profondément anti-nazis. La dernière adaptation qui nous intéresse aujourd’hui est sortie sur la plateforme Netflix il y a quelques semaines et c’est la première fois qu’une version allemande reprend ce roman ce qui est une chose plutôt rare et qui apporte une réalité plus évidente. On le sait tous À l’Ouest, rien de nouveau dénonce les horreurs de la Première Guerre mondiale, mais l’œuvre va plus loin. C’est le choc de deux puissantes nations européennes et industrialisées qui, poussées par une ferveur nationaliste forgée depuis la guerre franco-prussienne mettent en place un processus d'anéantissement de l’ennemi. On suit un cercle de jeunes étudiants allemands qui sont motivés par leurs professeurs pour aller défendre la patrie trois ans après le début des hostilités. L’excitation qui s’emparait de la bande à l’idée d’aller combattre est très vite liquéfiée une fois dans la boue des tranchées. Le réalisme des uniformes est à souligner tout le comme le maquillage (les dents pourris des soldats). Le «héros» du film: Paul, gagne rapidement en maturité à force de survivre aux horribles affrontements détaillés qui nous font basculer définitivement dans l’horreur (bombardements meurtriers, corps déchiquetés, exécutions, etc.). Outre la violence quasi-omniprésente, il y a certaines séquences plus calmes avec les plans sur les paysages magnifiques l’Ouest français. Certains passages hors des combats se veulent historiographiques notamment pour les négociations d’armistice dans le wagon entre le ministre allemand Erzberger (Daniel Brühl) et le maréchal Foch imperturbable. Il y a également ce confort parallèle entre l’alimentation du front et celle des supérieurs qui bien au chaud dans leurs châteaux réfléchissent à leurs prochaines tactiques inconsciences et absurdes pour gagner quelques minuscules mètres.... Après avoir visionné ce film, on ne peut que constater le message de celui-ci est avant tout pacifiste face à l’ignominie du conflit qui détruit les hommes. Dur en tout point, cette version allemande de À l’Ouest, rien de nouveau est à considérer et mérite son accession parmi les meilleurs films traitant la Première Guerre mondiale.