Mitigé
Je passerai sur les erreurs historiques, présentes jusque dans le texte final, puisque contrairement à ce qui est écrit, suite à l'offensive de juillet 1918, le front était en perpétuel mouvement au...
le 3 nov. 2022
34 j'aime
6
Voir le film
Ce qui fait défaut à cette adaptation cinématographique du roman de Remarque n’est autre que le point de vue interne adopté par le livre et tenu du début à la fin, là où le film y recourt ponctuellement dans la perspective d’effets qui, parce qu’ils sont concertés, le fruit d’un calcul, annihilent l’authenticité et la charge immersive de l’œuvre originale. L’absence de focalisation unique, la dispersion du récit entre les tranchées, le chef-lieu et le wagon de l’armistice situé dans la clairière de Rethondes, tout cela occasionne une artificialité dommageable : l’omniscience focale, l’explicitation des enjeux et des motivations de chaque acteur donnent l’impression de suivre un cours d’Histoire synthétisant en deux heures la Grande Guerre. Le cinéma, là-dedans, se réduit à sa dimension technique, comprenons la qualité de la reconstitution, la fluidité du plan-séquence, la photographie soignée ; jamais il n’est abordé par le prisme du mystère et de l’intériorisation d’une guerre récitée mais peu éprouvée. Nul hasard, par conséquent, si le long métrage a récolté deux Oscars techniques, celui des meilleurs décors et direction artistique et celui de la meilleure photographie, comme son prédécesseur et modèle 1917 (Sam Mendes, 2019).
La partition musicale de Volker Bertelmann s’avère digne d’intérêt parce qu’elle compose des pistes lancinantes perturbées par des décharges électroniques comme éclate un obus dans un paysage sonore aussitôt troublé. Pour autant, Im Westen nichts Neues demeure conventionnel, et ses partis pris esthétiques frôlent la complaisance dans les sévices représentés ; autant dire qu’il trahit davantage qu’il ne traduit visuellement l’œuvre littéraire de Remarque. On préférera, et de loin, Die Brücke (Bernhard Wicki, 1959), peinture bouleversante de sept adolescents qui, après avoir été endoctrinés, défendent bec et ongle un pont alors même qu’il ne représente aucun intérêt stratégique.
Créée
le 11 mai 2023
Critique lue 186 fois
4 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur À l'Ouest, rien de nouveau
Je passerai sur les erreurs historiques, présentes jusque dans le texte final, puisque contrairement à ce qui est écrit, suite à l'offensive de juillet 1918, le front était en perpétuel mouvement au...
le 3 nov. 2022
34 j'aime
6
Du nouveau… Bien malgré lui, le titre de ce film amène à se poser cette fatidique question : sur la Première guerre mondiale, que reste-t-il encore à dire ? Que reste-t-il encore à montrer ? Alors il...
le 12 nov. 2022
21 j'aime
8
Cette nouvelle adaptation de À l'Ouest, rien de nouveau (90 ans après celle de Lewis Milestone) est une réponse cinglante et fort à propos au regard qu'avait porté Sam Mendes sur la Première Guerre...
Par
le 23 janv. 2023
19 j'aime
8
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14