Rire en conserve larmes de croco réel de cartoon et la toutouille est fraîche, verte et modérée

Un tandem dépareillé est en vadrouille pour échapper aux services sociaux, chargés de recaser le petit, gros et enfant Ricky. Les grandes lignes sont prévisibles, les petites en forme clippesque. Les évolutions convenues, les caractères statiques et rabougris. Hunt for Wilderpeople est un savant mélange de platitude efficace et de clinquant très 'professionnel'. Une fantaisie bien propre avec des grosses cartes pour bourrer allègrement la balance. Sam Neil présent, même muré derrière son costume de barbu pseudo ronchon et analphabète, ça en impose encore. Te Wiata Rama en maman de famille d'accueil, même pour une courte durée, ça vaut le coup-d'œil ; en plus son rôle est un miroir de celui qu'elle tenait dans Housebound (2014), où son jeu et son visage sont passés au domaine international. La technique ambitieuse (les choix musicaux et la photo) et le décors sauvage assurent un plancher qualitatif, grâce auquel tout est plus vif et digeste.


Finalement tout ce qui signe et encore plus non-signe ce film c'est son humour. Il se déploie via des musiques ou tonalités 'cools' en contrepoint de petites catastrophes ou gros moments de solitude. C'est une approche de poseur, sans élaboration poussée, jouant juste sur un contraste entre l'ambiance (froide ou de désolation) et l'attitude inadéquate des gens (enthousiasme mal placés ou implication vaines), qu'on laisse lourdement défiler pendant trois plombs pleines de blancs (et de petites phrases d'hébétés ou de taquins amorphes). Voilà le délire devenu ultra-rebattu, marqueur de tout le cinéma 'd'auteur' voué à une exposition massive (mais se sentant 'indépendant' par rapport aux chouchous des majors ou aux trucs gras pour la famille ou les jeunes), quand il s'inscrit dans une veine comique. En 2016, Swiss Army Man est probablement le plus imposant repreneur de cette attitude grâce à son supplément d'originalité.


Ces manières sont dans la lignée de cette distanciation délurée et maline utilisées avec brio par Dupieux (même si l'élasticité de la chose a souvent trouvé ses limites voire débouché sur des trous 'blancs'). Hunt for Wilderpeople ne veut pas se contenter de gaudrioles et souhaite également être touchant. Il se place donc à équidistance entre le cartoon et le sentimental. Il préférera toujours flancher vers le second, sans prendre d'engagements ; l'autre bord est trop menaçant, les excès de gravité et de zèle de Paula (Rachel House) font le job suffisant. Un gentil fêlé 'paranoïaque' ajoute une touche d'excentricité franche, en restant dans la superficialité cotonneuse : Sam le survivaliste, un genre de plouc venu des États-Unis. Le réalisateur néo-zélandais Taika David Waititi, qui a travaillé pour la série britannique The Inbetweeners et tourné What We Do In Shadows, enchaînera avec la supervision du blockbuster Thor Ragnarok, troisième opus de cette saga Marvel.


https://zogarok.wordpress.com/2016/12/21/hunt-for-the-wilderpeople/

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le 18 déc. 2016

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