Si certains films donnent le ton dés leurs titres, d’autres arrivent à surprendre. C’est le cas de A Most Violent Year. En effet, la violence ne fait pas partie intégrante du film, en tout cas la violence montrée dans toute son horreur. Ainsi, elle reste présente mais est cependant très suggestive. Que ce soit au travers des différents personnages, à travers les images, ou grâce à la bande originale qui suit les différents mouvements du film, la violence prend différente formes mais n’est jamais trop exagérée ; Et quand elle est montrée à l’écran, ce n’est jamais inutile. La violence de A Most Violent Year réside, on l’a dit, dans les personnages du film ; Et si elle est très suggérée, c’est au travers des dilemmes que ces personnages vivent que nous la ressentons, nous, spectateurs. Malgré des faits divers énoncés à la radio ou à la télévision, et sans aucun rapport direct avec l’histoire racontée, la violence de l’année 1981, l’année la plus violente qu’ait connue la ville de New-York, n’est pas le sujet principal du film et c’est avec le personnage d’Abel Morales, le personnage principal, que le titre du film prend toute son importance, car c’est lui qui se fait, logiquement, violence, plus que les autres personnages.
On arrive d’ailleurs au principal problème du film : la profondeur des personnages. Le personnage d’Abel Morales est très bien construit et on a de l’empathie pour lui. Cependant, c’est le seul personnage auquel nous nous attachons. Toute la galerie de personnages qui l’accompagne pendant les 125 minutes du film ne sont, au final, que très secondaires. Même sa femme, incarnée par une Jessica Chastain superbe mais pas à son meilleur niveau, reste très (trop ?), en retrait comparé à Oscar Isaac dont la performance est magistrale. On peut d’ailleurs noter une ressemblance au niveau du look avec un Al Pacino dans Le Parrain II. Ainsi, le jeu est plus que correct, mais le jeu d’Oscar Isaac et son personnage d’Abel Morales éclipsent trop les autres et on a un rendu très inégal.
La mise en scène et l’histoire sont peut-être responsables. L’histoire n’est pas transcendante mais reste correcte et on prend plaisir à suivre le destin de cet immigré illustrant totalement le rêve américain, notamment grâce aux dialogues, la mise en scène restant cependant très soignée. On joue avec les codes du film de gangster et en tant que spectateur doute avec le personnage des décisions qu’il prend, ou non. Néanmoins, on note certaines longueurs qui peuvent empêcher une totale appréciation du film. On notera aussi que les dernières minutes du film sont, hélas, trop clichées, et n’apportent pas grand-chose à l’histoire.
En résumé, A Most Violent Year est un film de gangster convenable, ni trop bon, ni pas assez, et il mérite le détour pour un Oscar Isaac méconnaissable qui, une fois rasé et retiré de l’univers folk des frères Cohen, montre toute son aisance à passer d’un rôle à un a