Une jeune femme soumise à son amant décide de supprimer ce dernier puis dissimule son meurtre avec l'aide d'un homme à tout faire employé pour l'occasion. Forcément, tout ne se passe pas comme prévu, l'amatrice se laissant surprendre par l'ampleur de la tâche à accomplir... L'ambiance, morbide, est posée !
Femme objet psychologiquement meurtrie mais consciente de sa beauté, Nami est un personnage typique du cinéma de Takashi Ishii. L'homme s'intéresse une nouvelle fois ici au moment précis où sa muse choisit de sortir les griffes pour passer de victime à bourreau. Toujours très habile quand il faut mettre en valeur son actrice, Ishii trouve une belle osmose avec la jolie Nami qui livre une performance impressionnante, y compris lors de scènes assez délicates à jouer, comme celle qui la présente au spectateur, dans le club de son patron/amant.
Mais la vraie vedette de A night in nude, ce qui d'ailleurs en fait un film un peu différent des autres que j'ai pu voir du cinéaste, est un homme. Jirô, indépendant qui "nettoie la m*rde des autres" comme il se définit, est à mon sens le personnage central du film. Cumulant les ennuis, le petit homme sans histoire qu'il tente d'être, va vite être submergé par sa relation avec Nami. Subjugué par sa beauté froide, il aura bien du mal à se faire violence, tiraillé entre son instinct qui le pousse à l'éviter pour s'éviter des problèmes et son coeur qui lui dicte le contraire. Personnage complexe embarqué bien malgré lui sur un sentier pavé de balles et de poudre dont il n'est pas coutumier, qui, quitte à se laisser dépasser par ses actes, est bien décidé à ne plus se faire marcher dessus. Cette force de tempérament qui subvient lorsque la coupe est pleine est typique de l'oeuvre d'Ishii et Naoto Takenaka trouve la gamme émotionnelle parfaite pour incarner ce personnage fragile qui trouve sa force alors qu'il est au bout du rouleau.
Avec a Night In Nude, Takashi Ishii livre une jolie bobine, noire mais emplie de poésie, qui illustre l'amour naissant entre deux être que tout semble opposer. Un joli moment qui surfe entre réalité abrupte et onirisme troublant. C'est d'ailleurs à l'occasion d'un rêve qu'Ishii tourne la scène la plus remarquable du film, histoire de rappeler à son public qu'il est, avant tout, un artisan de l'image vraiment doué.