Une très légère déception pour ce Bergman que j'espérais voir atterrir dans mon top 50. J'ai beaucoup aimé dans l'ensemble mais malgré le lot de qualités que possède le film je n'ai pas été particulièrement saisi par A travers le miroir.
Comme toujours chez Bergman il y a cette force visuelle véritablement transcendante. Que ce soit dans la mise en scène ou la photographie c'est réellement magnifique. Le noir et blanc y est sublime, profond, et certains plans forcent l'admiration. Je pense à celui du bateau échoué sur la plage, p*tain ce que c'est beau. L'ambiance du film est envoûtante, le huis-clos appuie d'ailleurs celle-ci. Il y a presque un caractère oppressant, accentué par le malaise de la jeune femme victime de problèmes mentaux. Dans ce rôle Harriet Andersson prouve une fois encore qu'elle est une grande actrice, sa prestation y est épatante. Les scènes où elle délire sont d'ailleurs assez terrifiantes, la performance d'actrice n'y est pas étrangère. Le reste du casting, bien qu'un cran en dessous, reste très solide (Bergman reste tout de même un des plus grands directeurs d'acteurs). Von Sydow et Björnstrand, fidèles à eux-mêmes, sérieux et investis. Le jeune Lars Passgard rend également une bonne copie face à ces acteurs expérimentés.
Bergman peint ici les relations humaines, comme à son habitude, mais on sent tout de même dans chacun de ses films un renouveau. Ici le film m'a paru plus épuré que certaines de ses autres oeuvres, notamment par le cadre et ces pièces presque vides. Je préfère également un Bergman sous un jour plus onirique, plus surprenant, moins ascétique, peut-être est-ce pour ça que je ne crie pas au chef d'oeuvre. Pourtant ce qu'il raconte est intéressant, on y observe la destruction d'une famille à cause d'un père distant, à cause de la maladie, à cause de l'incompréhension... Le père est trop enfermé dans l'oeuvre qu'il tente vainement de créer, la fille délire, son mari semble dépassé et le frère de la jeune femme découvre la vie et est troublé par tous ces évènements autour de lui. La séquence entre le frère et la soeur dans l'épave échoué est dure et marquante.
Le film est dans l'ensemble assez pessimiste, plutôt dur mais demeure intelligent. Ce n'est pas mon Bergman préféré et de loin mais ça reste du très bon cinéma, j'ai juste moins accroché à celui-ci qu'à d'autres films du géant suédois. A noter aussi l'utilisation de la musique de Bach qui n'est pas pour me déplaire! Un beau film, rude mais beau.