En 1910, les productions Edison sont encore diffusées via Kinétoscope, l'appareil mis au point par 'l'homme aux 1000 brevets' avant le cinématographe des Lumière et ses équivalents. C'est au moins le cas d'A Trip To Mars, où un scientifique invente une poudre permettant de s'affranchir de la gravité. Conséquences immédiates et spectaculaires : les objets domestiques s'envolent, la maison se renverse et surtout, il se retrouve aspiré hors de la Terre.
Le passage-éclair sur Mars se déroule en trois temps. D'abord l'inventeur est perdu dans un jardin où des hommes-arbres hibernent ; puis il se retrouve dans les mains d'un autre qui l'enferme dans une boule de glace. Entre-temps et lors des flottements, il déambule près d'une faune indistincte, souvent à défaut de pouvoir faire autre chose.
Ce petit film séduit grâce à ses initiatives graphiques, ses idées malines et ses nombreux trucages. La visite et les références from outerspace sont réduites et superficielles, mais assez marquantes – l'aspect démoniaque du glacier humanoïde par exemple. Le problème est la confusion générée par des raccords abrupts, peut-être bâclés à certains endroits ; le charme et l'attention ne sont pas trop entamés cependant, car la fluidité des opérations et de la trame est épargnée.
Ce film marie vraisemblablement les suggestions de l'écrivain H.G.Wells aux contributions de l'illusionniste Georges Méliès. Il fait partie de la SF précoce sur grand-écran, passant tout de même une décennie après An Over-Incubated Baby ou Le Voyage dans la Lune. C'est probablement le premier film 'martien' du cinéma, huit ans avant le long-métrage danois Le Vaisseau dans le ciel (aussi nommé A Trip to Mars chez les anglo-saxons).
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