Comme une paire de rangers orthopédiques

A la vue à chaud de l'un des premiers long métrage du réalisateur espagnol j'en suis à me poser cette question : est-ce que ce film est un horrible nanar dont le manque d'argent l'a poussé à se tourner vers une comédie un peu barrée sans aucune subtilité, ou au contraire est-ce un pur produit d'un humour un peu bas du front dont la réalisation un peu cheap le fait passer pour un nanar ? Ce qui est certain c'est ce que ce film s'inscrit dans la grande tradition des films de science-fiction fauchés bisseux.

Mais l'interrogation est légitime car d'un coté nous avons Alex de la Iglesia, réalisateur dont le style décalé parfois à la limite du nanar selon ses films n'est plus à présenter tant il fait mouche et ne ferait pas tâche dans un festival de cinéma fantastique (un terme devenu un fourre-tout pour tout ce qui n'est pas policier/urgentiste/pompier/film intellectuel sur des individus lambda); de l'autre coté nous avons les années 90 : une décennie culturellement pourrie qui a vu éclore les boys band, Hélène et les garçons et a mis le pied à l'étrier de ce qui allait définitivement devenir la culture de consommation pure à base de jeunes filles pas forcément majeures et pas mal sexualisées.

Ici c'est un mixe plutôt sympa entre Judge Dredd (la référence est explicite avec le design des policiers) et Delicatessen (pas certain que la référence soit voulue) et met en scène une bande d'éclopés mous du bulbe en personnages débiles et un super-vilain visiblement bien peu aidé par ses side-kicks et le moins qu'on puisse dire c'est que La Iglesia s'est bien amusé avec un produit qui sent déjà bon le style du réalisateur mais dont l'ensemble ressemble le plus souvent à une production amateur à l'humour débridé d'une bande de copains, de quoi faire une œuvre en direct-to-vhs bonne à finir dans le bac à promos d'un Prisunic espagnol.

Pourtant malgré ce constat peu reluisant l’œuvre ici présentée, bien qu'elle ne respire pas l'intellectualisme, est remplie de pas mal de points positifs : le tout drôle est suffisamment pêchu pour déclencher des rires (en tout cas avec un ou deux verres c'est un film parfait) et le coté bricolé a ici du charme car même si le tout respire le low-cost il y a malgré tout eu de l'argent à la vue de certaines scènes dont les décors et les costumes ont dû nécessiter des pesetas pour être réalisées. Suffisamment en tout cas pour offrir un semblant d'ambiances plutôt amusantes ne nous donnant pas envie de crier pendant tout le long "aaah mais ça fait faux !" et pourtant ça fait faux mais on s'en fiche.

En bref, débile mais volontairement, et sans prétention.
Crillus
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Le film crétin du dimanche : film bricolé avec amour, talent en devenir ou scandale cinématographique, films vus en 2015 et Les meilleurs films de 1993

Créée

le 22 févr. 2015

Critique lue 626 fois

3 j'aime

2 commentaires

Crillus

Écrit par

Critique lue 626 fois

3
2

D'autres avis sur Action mutante

Action mutante
DoubleRaimbault
9

L'armée des douze mutants

1992... Alors que je venais au monde, certains ne perdaient pas leur temps. Un petit court métrage déjanté dans le ventre, et voilà qu'Alex de la Iglesia nous pond quant à lui son premier long...

le 29 mars 2014

6 j'aime

5

Action mutante
oso
7

Punk à roulettes

Complètement foutraque, souvent amusant et terriblement assumé dans un jusqu'au boutisme extrême, ce premier film d'Alex De La Iglesia est une illustration parfaite de la générosité du cinéaste. On y...

Par

le 3 mai 2015

5 j'aime

Action mutante
SPlissken
9

Nain bossu, juif, franc maçon et présumé homosexuel

Un groupe d'action terroristes s'en prend aux intérêts des plus beaux et des mieux bâtis. Action Mutante est un groupuscule composé d'anarchistes qui ont des tares physiques et/ou intellectuelles...

le 25 oct. 2010

5 j'aime

Du même critique

La Vie et rien d'autre
Crillus
8

Riz donc un peu !

Ce film est empreint d'originalité et de classicisme, servi chaud par une brochette d'acteurs cuits au feu de la connaissance après avoir été délicieusement trempés toute une vie dans une marinade de...

le 25 mars 2014

18 j'aime

18

Zero Theorem
Crillus
5

Le serpent qui se mord la queue.

Aaaahhh Zero Theorem, ma plus grosse attente de l'année 2014 par un réalisateur qui enthousiasme. C'était pourtant bien parti avec une ambiance sombre et cynique, un individu perdu et solitaire...

le 2 août 2014

18 j'aime

4

37°2 le matin
Crillus
6

T'as une belle affiche tu sais ?

Le film commence par une scène de sexe entre le héros et l'héroïne. J'ai un adage: une scène de cul, c'est du vide. Qu'on s'entende, je n'ai rien contre une scène de sensualité encore que je trouve...

le 14 sept. 2016

17 j'aime

4