Bon allez, comme personne n'a encore osé poster une petite critique sur ce fleuron de la comédie française je vais m'y coller. Adam et Eve est un film de Jean Luret, un réalisateur surtout spécialisé dans les films d'actions à tendance de cascades sexuelles comme le prouve ses précédents films tels que La Mouillette, Ces Salopes de Belles Sœurs ou Couples en Chaleur. On notera toutefois un sens déjà pointu de l'humour, du double sens et du calembour avec quelques titres de son répertoire comme Fiche Mâle Cherche P Femelle, Donne ta langue au chat ou Les Deux Mains. En 1984 Jean Luret se lance dans la comédie avec Adam et Eve avec en tête d'affiche la caution sexy de Michel Galabru et Alice Sapritch à poil avec une feuille de vigne, ce qui aura largement suffit à faire vriller mon cerveau de cinéphage tordu sur le registre "Je veux le voir, je veux le voir ..."
Bon Adam et Eve ne raconte pas tellement l'histoire du paradis perdu, de la tentation de la pomme et de tout le reste. Le film nous raconte surtout l'histoire d'un producteur un peu véreux qui s'associe à une famille du sentier afin de tenter de produire un film sur Adam et Eve.
En attaquant Adam et Eve encastré au fond de mon fauteuil dans le confort cossu de mon intérieur bourgeois je n'espérais bien sûr pas trouver une perle polie de la comédie française oubliée dans les limbes du temps, mais un bon gros nanar consternant, ce qui a sur moi le même effet qu'une bonne comédie à savoir me faire marrer bêtement comme un abruti. A l'arrivée Adam et Eve est surtout un pathétique navet poussif et jamais drôle et qui ne respecte même pas l'attrait érotique de son affriolante affiche. Tout est désespérément plat et lourd dans Adam et Eve qui étire sur à peine 70 minutes blagues éculés d'un autre âge et cabotinage forcé le tout mis en image avec une singulière paresse. Niveau casting on retrouve donc Alice Spatrich qui nous refait le coup de la vieille diva bourgeoise et Michel Galabru défendant mollement les quelques blagues qu'on lui donne à manger. Au risque de me faire taxer de grossophobie on retrouve aussi au casting du lourd de chez lourd avec Jean-Marie Proslier et Jackie Sardou. Le reste du casting se compose essentiellement d'acteurs et actrices issus du Petit Théâtre de Bouvard avec Jean François Dérec , Richard Taxy, Jean Hugues Lime , Pauline Daumale et Marcel Philippot en huissier qui zozote. Dans le rôle du patriarche de la famille juive Ben Hoït on retrouve l'humoriste Popeck qui fait du Popeck mais qui a le mérite de sortir une ou deux vannes assez consternantes pour faire sourire. A noter aussi au risque de me faire taxer de nanophobie la courte apparition du comédien noir et nain Désiré Bastareaud dont le destin d'acteur est assez singulier puisqu'il est passé du cinéma porno (Qui m'aime me suce - Les Lolos de la pompiste - Inonde mon Ventre) aux sitcoms crétins AB production comme Le Miel et les Abeilles, un sacré grand écart pour un si petit homme qui n'avait pas du mentionner l'intégralité de ses films sur son CV au moment de postuler chez TF1. Concernant le niveau comique du film on frôle l'encéphalogramme plat puisque on est quand même dans le registre du slip qui fait un bruit de vaisselle en tombant par terre, de l'émir avec un torchon sur la tête et du black croisé dans un escalier à qui l'on demande si il travaille au noir. De quoi se donner une furieuse envie de s'ouvrir les veines par désespoir ou plus raisonnablement de s'ouvrir une 42éme bière pour oublier cet affront permanent à l'humour.
Adam et Eve est donc une bonne grosse purge à oublier (ce qui semble largement fait d'ailleurs) dont même l'abyssale nullité ne parvient pas à faire sourire. Certes je ne m'attendais pas à du Francis Weber mais un esprit de connerie fièrement assumé à la Phillipe Clair m'aurait largement suffit pour ensoleiller mon dimanche après midi