Spring Bikers

Adieu Tueur est sans aucun doute le titre le plus con sous lequel est connu Fou à Lier A.K.A. Nightmare Beach A.K.A. Welcome to Spring Break. Quant à Umberto Lenzi qui se retrouve souvent crédité comme réalisateur, il n'occupera en réalité qu'un poste secondaire de conseiller après s'être embrouillé avec les producteurs du film. Fou à Lier est donc un film de Harry Kirkpatrick aussi connu sous le pseudonyme de James Justice du moins selon les dire de Lenzi lui même dans divers entretiens. En tout cas ce Nightmare Beach est un sacré foutoir qui combine slasher, comédie adolescente, film de bikers et thriller.

Welcome To Spring Break donc dans une petite ville côtière qui accueille un flot d'étudiants et d'étudiantes venus s'éclater. Seulement voilà, la petite ville vient tout juste de faire rôtir sur la chaise électrique Diablo le chef d'un gang de bikers, lequel promet de revenir se venger après sa mort. Autant dire que lorsque un mystérieux motard commence à semer la mort dans son sillage, toute la petite ville se retrouve à cran.

Hasard de calendrier (ou pas?) Nightmare Beach débute un peu comme le Shocker de Wes Craven avec un condamné à mort grillé à point qui jure de revenir se venger post mortem. Ensuite le film de Harry Kirkpatrick va prendre une toute autre direction dans un curieux et assez déséquilibré mélange des genres. Ambiance spring break oblige le film nous offre son lot de bimbos en bikinis, d'adolescents fêtards et crétins , de concours de tee shirts mouillés, de dragues lourdingues et de farces à la con à l'image d'un personnage qui passe son temps à faire des blagues macabres pour affoler les filles en faisant croire qu'il est mort dans la piscine, qu'il se coupe la main ou qu'il est un requin type Les Dents de la mer. Niveau thriller le film fonctionne pas trop mal entre le tueur casqué pas si simple à identifier, les rivalités entre cette bande de motard et les autorités locales et une petite histoire de vengeance après qu'un jeune héros du film se soit fait tabasser par les bikers, les péripéties sont assez nombreuses pour maintenir globalement l'attention du spectateur. En ce qui concerne l'aspect slasher en revanche le film est bien moins convaincant, malgré un énorme potentiel de victimes à trucider dans d'atroces souffrances le bodycount reste relativement maigre et l’obsession du tueur à faire griller ses victimes à l'électricité (même si à l'occasion il utilise la strangulation) empêche une grande variété de morts atroces. Même si la moto du tueur qui se transforme en chaise électrique est amusante et que quelques meurtres sont un peu plus graphiques que d'autres comme cette fille dont l’œil sort du globe oculaire après électrocution, on finit par se lasser un peu de voir griller des acteurs et actrices qui se transforment en mannequin qui prennent feu.

Plus orienté vers le bis sans grande imagination que vers le réjouissant nanar, Nightmare Beach est le genre de film que l'on finit par suivre d'un œil distrait en s'amusant un peu de son ambiance kitsch eighties, de ses comédiens et comédiennes au jeu approximatif et de ses nombreuses maladresses. Au casting on retrouve John Saxon qui incarne Strycher un flic à la mâchoire carré avec lunettes de soleil et casquette de police un peu trop petite sur la tête, un personnage bien caricatural à qui l'on doit quelques répliques bien stupides mais amusantes comme : "Et moi, est ce que je te demande comment ta femme fait rôtir la dinde de noël ? "  ou "  Tu vas filer tout droit vers le nord et tu t’arrêteras seulement quand tu verras la neige" … Parce que oui Strycher est un dur à cuire et faut pas le faire chier. On retrouve aussi au casting Michael Parks (Vu chez Tarantino et Kevin Smith) dans le rôle du médecin de la ville et Lance LeGault en révérend rigoriste désespéré de voir sa fille en pleine crise d'adolescence et qui assume d'avoir la cuisse légère et la descente facile.

En un mot comme en cent, Nightmare Beach est un film moyen mais pas désagréable. Avec un tueur un poil plus imaginatif et une exploitation un peu plus sombre des us et coutumes du spring break on tenait potentiellement un bon film.