Sans être un grand film oublié, cette histoire de reconversion de 4 femmes de joie fraîchement mises au chômage suite à la fermeture des maisons closes est d'abord une tranche de vie particulièrement touchante, qui fait la lumière sur une certaine condition de la femme dans l'Italie des années 50, mais surtout un beau film de cinéma : écrit avec précision, correctement dialogué, le tout porté par un coup d'oeil particulier. Dès lors, le propos peut alors s'épanouir puisque la forme le met en valeur.
Et le moins qu'on puisse dire c'est que le portrait de ces 4 femmes tenues captives d'une réputation dont elles ne pourront jamais se défaire est particulièrement déprimant : le dernier quart d'heure fout un bourdon monumental. D'autant plus que le reste du film est constamment animé par une certaine bonne humeur. Car malgré leurs différences, les 4 femmes se serrent les coudes et passent sur leurs différents coups de gueule pour se construire un avenir commun.
Une harmonie à l'écran jouée par 4 actrices redoutables, un vrai plaisir pour quiconque apprécie le cinoche Italien et ses figures emblématiques. Simone Signoret, terrifié à l'idée de voir ses derniers éclats de jeunesse se faire la malle, crève l'écran. De même qu'Emmanuelle Riva en mère célibataire alcoolique qui ne ménage pas ses coups de sang. Et pour compléter le tableau, Marcello Mastroianni vient confirmer avec toute l'assurance de sa diction véloce de vieil escroc charmeur tout le mal qui peut être dit des hommes dans cette bobine. Toujours un plaisir de le voir incarner ce genre de personnage opportuniste qui peut faire/dire n'importe quoi et pourtant toujours paraître sympathique.
Un chouette film en somme, un peu long à démarrer peut-être, mais assurément marquant, aussi bien pour son sujet grave traité sans misérabilisme par des comédiens habités que pour son noir et blanc assuré qui s'exprime dans la justesse de ses cadres et mouvements de caméra.