After hours possède toute la fougue de Martin Scorsese, à cela près qu’elle n’est, pour une fois, pas mise à contribution d’une violence sanguine radicale. Troquant le frisson des fusillades pour l’enthousiasme d’un rire volontaire, il livre sa version d’une soirée manquée, et ce, dans les moindres détails.
Car s’il ne faut pas prendre le risque de trouver une once de rationalité dans ce que raconte Marty, force est de constater qu’il va au bout de son concept, usant jusqu’à la corde toute sorte de coïncidences troublantes qui lui permettent de lier les personnages tordus d’une histoire non moins rocambolesque, ceux-là même qui prennent un malin plaisir à torturer le dindon d’une farce bien corsée.
Quand au pauvre bougre qui met sa tronche à portée des coups, Griffin Dunne était sans aucun doute un choix réfléchi. Une ganache de monsieur tout le monde qui permet une projection immédiate. Entre aplomb curieux et couardise dans la moyenne, il est la raison pour laquelle After Hours parvient à conserver ce certain crédit qui lui permet de ne jamais tomber dans le ridicule. Dès lors, Marty peut tout imaginer, ou presque. Il se paye même le luxe de finir son méfait sur une boucle un peu éculée, un retour au point de départ au moyen d’une pirouette osée.
Niveau mise en scène, c’est propre et carré à défaut d’être au niveau des meilleurs films du maître. L’intérêt est ailleurs, dans cette course effrénée qui rythme la dernière heure, dans l’humour pince sans rire qui caractérise l’ensemble et dans les affrontements amusants que se livrent une palanquée de ganaches connues que l’on prend toujours plaisir à retrouver à l’écran. Mentions spéciale à la torride Linda Fiorentino, qui n’a certainement jamais été par la suite aussi peu sexy à l’écran. Sacré Marty.