Trilogie de la mort, volume 2
Dans notre société matérialiste, il existe peu de tabou.
Si ce film est insupportable, ce n'est pas tant à cause de ses images, mais justement parce qu'il franchit clairement ce qui est peut-être le tabou ultime, la nécrophilie.
Le film est bref (une demi-heure), mais le cinéaste parvient à prendre son temps pour implanter une ambiance. Et ça commence dès le générique, où on voit un chien écrasé et où la caméra suit, en plan rapproché, les viscères de l'animal répandus sur la chaussée. Puis on se retrouve dans une salle de dissection. Deux "praticiens" travaillent sur deux cadavres d'hommes. Là aussi, Nacho Cerda prend son temps. Il insiste, en très gros plans, sur tout ce qui va permettre d'installer une ambiance oppressante : les instruments de travail, les corps nus sur la tables de dissection, les scalpels entrant dans la peau, etc. C'est la partie "horreur visuelle", où le cinéaste insiste sur le réalisme.
Puis vient progressivement l'horreur morale. Par ses gros plans et une bande son particulière, Cerda nous fait comprendre qu'un des praticiens est en train de craquer. Ce qui est confirmé par la seconde partie du film : il va chercher le cadavre d'une jeune femme et s'enferme avec elle dans une salle.
C'est là que le film devient insupportable.
C'est, je pense, l'objectif voulu par Cerda. Nous faire réagir, nous les spectateurs. Nous emmener à nous poser des questions sur ce qu'on peut voir ou pas. Sur le plaisir malsain que l'on peut éprouver, nous, face à un tel spectacle. Sa réalisation est précise, son film a un timing idéal (plus long, il aurait fallu abandonner ; plus court, il n'aurait pas pu implanter l'ambiance voulue), et l'acteur est très bon. Aucun dialogue, dont la présence aurait alourdi le propos du film. L'utilisation de symboles (le couteau comme représentation phallique). Du travail très maîtrisé.
Trilogie de la mort, volume 1 : http://www.senscritique.com/film/The_Awakening/critique/17259207
trilogie de la mort, volume 3 : http://www.senscritique.com/film/Genesis/critique/17333477