Comment qualifier un film qui prend autant de risque qu'il s'en dispense ? Comment qualifier un voyage picaresque dans la psyché d'une looseuse totale ? Quasi SDF, elle y va par-delà la définition pathétique que pourrait en avoir une Virginie Despentes dans Vernon Subutex : pour en faire une héroïne punk. Poisseuse par son affirmation totale de sa conscience de classe : galérienne parmi les galériens. Voleuse, dragueuse relou, addict aux jeux, nue par ventre vide, et finalement aromantique par nécessité. S'il fallait donner autant de superlatifs à cette héroïne qui équivaleraint, pour bien des spectateurs, à des horreurs, je lui donnerais tous ceux qui existent. Car déjà, j'aimerais tout simplement sortir avec cette fille (je lui ferais sûrement la même demande de mariage ultra-ratée que dans le film).
Que dire enfin de l'astuce du scénario, au vu du synopsis : "un pari peut-être plus fou auquel elle peine encore à se risquer : le pari de l’amour." Comment se fait-il que cet épicentre n'arrive qu'en fin de film ?! Comment se fait-il que, tout en sachant ce phénomène narratif, on n'arrive pas à déceler de quel homme la balle va venir ?! Parce que ce personnage féminin est trop vif, trop insaisissable, trop libre ? Désolé d'être mièvre : mais quel génie d'écriture...
De ce qui est de la manière de filmer. S'il vous plaît, aller coucher et border Sean Baker et Andrzej Zulawski. Sean Baker pour son génie du montage et de la comédie, sous tension et presque sous amphet'. Zulawski pour son utlisation majestueuse du grand angle et de ces cadres en caméra portée en légère plongée, par-dessus l'épaule. Allez les coucher et dîtes-leur qu'un film qui ne va sûrement pas faire plus de 100 000 entrées en France les a surpassés.
Parlez de ce film à vos amis et à vos grand-parents s'il le faut. Le talent de ce petit bijoux fera le reste.
Détractement votre