Antoine Toussaint (Gérard Darmon) a été un chanteur à succès.
Mais au moment où il prend le train pour Genève, il n'a pas écrit un texte depuis dix ans et ne s'est pas produit sur scène depuis deux ans, depuis ce soir où il a fait un AVC pendant son tour de chant à l'Olympia.
Complètement déprimé et effrayé à l'idée d'une rechute qui le laisserait comme un légume, Antoine a décidé d'avoir recours au suicide assisté et c'est pour ça qu'il "s'embarque" pour la Suisse.
C'est alors qu'il fait la rencontre de Victoire (Valérie Lemercier), une femme plein d'énergie, exubérante, et dont on sent qu'elle peut rapidement engendrer des catastrophes.
De but en blanc, elle engage la conversation comme le font les gens qui sont persuadés que tout le monde est dans le besoin de communiquer.
En plus, elle reconnaît le chanteur qu'elle aime et tient absolument à lui dire toute son admiration.
Sans n'avoir absolument rien demandé, Antoine apprend que Victoire va à Genève pour le mariage de sa fille.
Tant bien que mal il la supporte le temps du voyage et quand, enfin, ils arrivent à destination, trop content de se débarrasser d'elle, il lui offre son porte-document en cuir dont il n'a plus rien à foutre puisqu'il est venu pour mourir.
Manque de pot (ou pas), son imprésario (Patrick Timsit) a rangé le passeport d'Antoine, ainsi que l'attestation signé par lui-même reconnaissant que c'est de son plein grès qu'il a choisi de quitter l'existence, dans le fameux porte-document donné à Victoire.
Le suicide n'est donc plus possible. Pour récupérer son porte-document, Antoine va devoir retrouver Victoire et, bien malgré lui, apprendre à la connaître pour le pire et pour le meilleur.
Autant le dire tout de suite, si ce film n'avait pas été réalisé par Jean-Pierre Améris, je ne serais pas aller le voir.
Le casting ne m'emballait pas plus que ça.
Je n'ai rien contre Valérie Lemercier, mais à part dans "Les visiteurs" et le sketch sur "l'école des fans" avec Chabat, je n'ai pas de grands souvenirs d'elle. Quant à Darmon, il ne m'a jamais bouleversé ou fait rire plus que ça.
Et puis, des comédies pas drôles il y en a toutes les semaines sur nos écrans (dont certaines avec Darmon. Darmon et Bourdon. Bourdon et Clavier. Clavier et Darmon ? Sûrement, prochainement)
Donc c'est le nom de Jean-Pierre Améris qui m'a convaincu.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a quelques années, en 2010 exactement, est sorti un film que j'ai vu comme j'aurais vu n'importe quoi, tellement je traversais une période pleine de gaieté où je n'avais envie de rien.
Mais peu importe ce qu'il m'est arrivé dans la vie, j'ai toujours réussi à aller au cinéma (même en me forçant) et j'ai toujours vu des films. Parfois mal, parce que je n'avais pas la tête à ça, mais j'ai toujours vu des films.
J'ai donc vu un film qui s'appelait "Les émotifs anonymes" avec Benoit Poelvoorde et Isabelle Carré, de Jean-Pierre Améris.
Mon Dieu ! Comme ce film m'avait fait du bien !
Le sujet était casse gueule mais c'était fin, drôle, émouvant, élégant, une jolie comédie flirtant avec le romantisme, un peu dans la lignée des comédies avec Audrey Hepburn.
Je ne m'attendais pas du tout à ça et j'avais été conquis.
Et comme je suis fidèle, j'ai vu tout ce que Jean-Pierre Améris a fait depuis.
Tout ne m'a pas convaincu ("Les folies fermières"). Je n'ai pas toujours passé un bon moment ("Profession du père", très bon film mais qui m'a mis très mal à l'aise). Mais dans l'ensemble, les films de Jean-Pierre Améris me font du bien et j'aime ce qu'ils racontent.
C'est le cas de "Aimons-nous vivant". Je ne savais absolument pas ce que j'allais voir et j'ai ri comme je n'avais pas ri depuis longtemps au cinéma.
Enfin, une vraie comédie !!!
Je pourrais reprendre ce que j'ai écrit plus haut pour "Les émotifs anonymes" : "sujet casse gueule, mais c'est fin, drôle, émouvant, élégant, une jolie comédie flirtant avec le romantisme, un peu dans la lignée des comédies avec Audrey Hepburn".
La différence vient du casting qui fonctionne, dans un autre genre, aussi bien que l'autre.
Valérie Lemercier est l'Auguste qui se prend les pieds dans le tapis (ou qui met les pieds dans le plat), mais elle est aussi incroyable touchante dans ce rôle de mère qui essaye de reconquérir le cœur de sa fille.
Et puis, elle est belle, séduisante, désirable, plein de vitalité, une fofolle qu'on a envie de suivre au bout du monde parce qu'à ses côtés le quotidien devient une véritable aventure.
Gérard Darmon est le clown blanc, celui qui subit la tornade, et qui petit à petit, sans jamais en faire trop ni dans le côté bougon ni dans le côté résurrection, retrouve la tendresse, le plaisir de la générosité, le souffle de la vie au contact de cette femme qui le désarme complètement.
Le duo fonctionne à merveille.
Il y a des gags, du vrai comique de situation, et les dialogues sont savoureux.
Ce sujet de choisir sa propre mort (on ne peut plus d'actualité), est traité ni avec gravité ni avec légèreté mais avec sensibilité.
Ça ne donne pas de leçon, ça ne fait pas de moral. Il n'y a ni ironie ni encouragement. Il ne s'agit pas de dire s'il faut être pour ou contre. Ça n'est pas caché, ça ne prend pas trop de place. Simplement c'est là. Ça fait partie de l'histoire et les personnages l'affrontent, chacun à leur manière.
Je suis ressorti de ce film avec les yeux brillants et je n'étais pas le seul.
Brillants d'émotions, certes, car dans toute comédie qui se respecte il faut un contrepoint, mais avant tout brillants d'avoir ri.
Alors, une fois de plus, Monsieur Jean-Pierre Améris, je vous dis : merci !