Akira
7.9
Akira

Long-métrage d'animation de Katsuhiro Ôtomo (1988)

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Akira est un double voyage dans le temps : c’est bien entendu celui d’une société futuriste (2019, qui s’approche à grand pas…), mais surtout le retour à un passé : de l’animation, et du manga. J’ai lu et beaucoup apprécié il y a une quinzaine d’année la série en BD. Le passage à l’animation est tout autant une madeleine qu’une surprise : par les retrouvailles avec un univers singulier, par les écarts avec le matériau d’origine.
14 volumes en deux heures nécessitent bien entendu des choix radicaux. La surprise vient du dénouement, car les ¾ du film suivent assez fidèlement les premiers volumes. Mais le fait que le film soit sorti avant la fin de la saga explique les raccourcis de sa résolution.
Passée cette inévitable déception, (la force de la BD étant les multiples ramifications de ses sous-récits, ponctuées par des scènes d’action pure) force est de constater le plaisir jouissif de la mise en mouvement de l’essence même d’Akira : l’architecture et le chaos.
Les courses de moto alliées à la puissance orthogonale des décors ouvrent le film avec une grande aisance, et s’accompagnent d’un montage parallèle des récits certes moins ambitieux que dans l’original, mais d’une belle maitrise ; si l’on peut avoir quelques réserves sur le motif musical accompagnant la transformation de Testuo (on a le sentiment d’une musique instrumentale faite avec des voix, faute de budget, ce qui donne une coloration parodique involontaire…), le souffle épique qui gangrène progressivement le film par le jaillissement télékinésique du béton et de l’acier, l’explosion des corps ou la pulvérisation des bâtisses procurent une indéniable jubilation. On résiste aux tirs lasers des satellites, aux fracas nucléaires et on reconstruit, inlassablement, en dépit des ruines qui s’amoncellent.
La gradation du récit est constante, et les délires animés qui achèvent le conflit entre les protagonistes sont hors-norme. Tout déborde, les chairs et l’énergie, les cris et les révélations. Mais au sein même de ces continuels paroxysmes, c’est bien une mélancolie qui sourd : celle du little boy lâché sur la Japon, celle de l’enfance brisée et de l’incapacité de l’homme à maitriser sa force et son ingénierie.
Baroque, visionnaire, exténuant, drôle par ses excès, Akira est clairement un jalon dans l’histoire du manga, particulièrement dans sa postérité hors du Japon ; c’est l’entrée en (anti)matière vers un univers singulier et incontournable.
Sergent_Pepper
8
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le 1 avr. 2014

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le 1 avr. 2014

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Sergent_Pepper

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