En s’emparant de la matière de Bretagne, Alex, le destin d’un roi mêle avec maladresse Stranger Things et Percy Jackson – qui était déjà lui-même un produit bâtard et dérivé de la saga Harry Potter – pour un résultat incolore et oubliable, mais divertissant. Si les effets numériques, quoique bien intégrés aux prises de vue réelles, s’avèrent des plus repoussants, reconnaissons que certaines scènes fonctionnent, à l’instar de cette course-poursuite dans les bois plongés dans l’obscurité. Alors l’intrigue, on la connaît tous. Elle est seulement réactualisée pour correspondre à la « culture iPhone » ici omniprésente : voici venir les comptes à rebours par téléphone, voici venir les cours de magie filmés pour mieux les reproduire chez soi. Le long-métrage calque sa structure et son esthétique sur celle du jeu vidéo : à chaque niveau son degré de difficulté supplémentaire, traduit à l’écran par un plus grand nombre d’assaillants à combattre. Et que dire de cette reine démoniaque tout bonnement insipide et laide, sinon qu’elle sonne comme la réincarnation fictionnelle d’une femme de pouvoir appartenant au gouvernement anglais contemporain ? Car l’entièreté du film semble rejouer, en sous-texte, les tensions politiques qui se tiennent aujourd’hui en Angleterre : les enfants se battent dans leur établissement scolaire contre le chaos instauré par les adultes, dans la perpétuation (assez juste) qu’étudier le passé offre une compréhension des enjeux présents ainsi qu’une arme pour en combattre les monstres. La clausule du film est à ce titre la partie la plus réussie, où le grotesque parvient à se mêler à l’épique malgré un relent de ridicule. « Un pays n’a de valeur que si ses chefs en ont », proclame le vieillard avant de céder sa place à la nouvelle génération. Car la grande thématique d’Alex, le destin d’un roi, c’est la confiance qui doit régner entre un peuple et son roi : on érige l’entraide en valeur unitaire et salvatrice, on revient aux fondements de la monarchie en présentant la figure du bon roi qui se tient aux côtés de ses loyaux serviteurs. Œuvre au propos transgressif, donc. Mais œuvre également très formatée où s’absentent la surprise et la sympathie pour des personnages ternes et mal interprétés. Pas de quoi adouber tout un collège.