Prendre le temps de prendre son temps...

Alexandre (Philippe Noiret) est un homme nonchalant et bon vivant. Mais il est marié à une femme ambitieuse et tyrannique (Françoise Brion). Elle décède brutalement et Alexandre décide de s'accorder de grandes vacances méritées. Son comportement va semer le trouble dans le village où il vit....
Yves Robert écrit, avec le scénariste Pierre Lévy-Corti, un scénario au thème original. Il va avoir la bonne idée de faire appel à Philippe Noiret qu'il avait déjà dirigé dans "Les copains. A cette époque Noiret était la vedette qui monte grâce notamment au succès de "La vie de château" de Jean-Paul Rappeneau. Le rôle d' Alexandre va faire de lui, âgé de 36 ans , une star ! Faut dire qu'il est absolument génial dans ce qui est, à mon avis, un de ses meilleurs rôles.
Le film est un hymne à la paresse et montre aussi qu'un homme peut être tyrannisé par une femme (certes ce n'est pas un homme battu mais qui voudrait être à sa place !). Yves Robert nous questionne: l'homme est-il fait pour travailler?
L'air de rien, cette comédie est plus subversive qu'elle en a l'air puisque c'est un long métrage gentiment anarchique. Et surtout qu'Alexandre , au lieu de pleurer sa femme, semble comme soulagé d'être enfin tranquille. Et libre de faire ce qu'il a envie quand il en a envie !
Autour d'Alexandre, on a une galerie de personnages intéressants, notamment ses amis Sanguin (Paul Le Person excellent), Colibert (Pierre Richard dans un de ses premiers rôles et déjà un côté rêveur ) et La Fringale (Jean Carmet savoureux) qui vont avoir des réactions différentes ...
Voir Paul Le Person, Jean Carmet et Pierre Richard, avec le recul, est assez incroyable puisqu'ils se retrouveront tous les 3 , quelques années plus tard, dans "Le grand blond avec une chaussure noire" sous la direction d' Yves Robert ce qui prouve la fidélité du cinéaste.
En plus de ces 3 amis, il y a surtout Agathe (délicieuse Marlène Jobert) une jeune femme aimant la paresse comme Alexandre qui aura une évolution intéressante.... Et puis un chien absolument génial !
Yves Robert donne à son film un côté poétique et aussi nonchalant que son héros. Avec de belles trouvailles comme l'installation faite autour du lit d' Alexandre....!
"Alexandre le bienheureux" sera un grand succès avec un peu plus de 2 millions 200 000 entrées confirmant la popularité d'Yves Robert. Ce film est une véritable bouffée d'air frais qui fait un bien fou et avec un charme inexplicable devenu un classique de la comédie française.