Asperge le mytho
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Alien est une saga que je respecte sans la monter haut dans mon estime, n'étant pas forcément fan de ce type de film d'horreur : mix entre SF et monstre. C'est surtout une saga que j'ai connu sur le tard, et Alien le huitième passager, même si c'est un grand film du genre, n'est pas à mes yeux un chef d'oeuvre ultime. N'ayant jamais dépassé le Cameron (un jour, le Fincher, peut-être le Jeunet...), j'avais découvert Prometheus à sa sortie sans grande envie ni attente. La déception fut liée à un scénario bancale, troué de toutes parts, et à une narration assez lente, pour pas dire assommante. Autant dire que je n'attendais pas Covenant de pied ferme. On peut même le dire : j'en avais rien à carrer. Les retours mitigés à sa sortie en salles, je me suis dit qu'un peu de patience serait de mise et bien m'en a fait puisqu'en plus de n'avoir aucune attente, je n'ai pas eu de déception. Ni au niveau du scénario, qui même s'il comporte des fils narratifs bien usés, est cette fois ci uni. Sans revenir sur la débacle de Lindelof sur Prometheus, le scénariste, sans doute clairvoyant sur la qualité de son script, ou bien appelé pour d'autres projets (genre la géniale série Leftovers), décide de quitter la team. Scott prend les choses en main, engage son scénariste de Gladiator, et travaille sur une histoire plus large, plus métaphysique, psychologique, où vont se mêler réflexions sur la création, la domination, l'évolution des espèces. Et tous ses défauts mis à part, on ne peut pas enlever ce point comme la grosse qualité du métrage. L'intention est bien découpée, disséminée, d'abord par une intro glaçante puis par une conclusion bien noire.
Alien Covenant a le défaut principal de ne rien inventer. Une tare que partage 99% des grosses productions américaines aujourd'hui. Le film respecte avec zèle la trame de son ainée et de ses suites : voyage / appel / infection / morts en pagaille / climax final. Difficile de lui reprocher vraiment ça. Par contre, on peut regretter son manque d'audace, lorsqu'au bout de l'introduction (pas la séquence qui fait office de prologue, mais bien l'arrivée dans la jungle), elle ne saisit pas le virage qui aurait pu l'amener non seulement à changer de cadre, mais aussi à élargir son environnement pour devenir un vrai survival. J'aurais bien aimé une chasse à l'homme à ciel ouvert, dans cet Eden factice, où les parasites se mêlent puis affrontent les humains restant jusqu'à ce qu'un(e) seul(e) subsiste. Mais on reste devant une saga et ses carcans, et malgré de jolis moments dans l'antre de la folie avec l'équivalent d'un Dr Moreau ou Colonel Kurtz, sorte d'âme égarée se plaisant à se prendre pour Dieu ; on revient tout de même inlassablement à la course poursuite dans le vaisseau et ses ficelles horrifiques attendues. Reste un film vraiment beau dans son visuel, tant au niveau des décors que de son habillage et son design. La noirceur du script se ressent dans les couleurs et les dessins gothiques, presque Lovecraftiens.
La musique marque aussi un énorme point fort. Par son air qui prévient le danger, sonne un faux espoir et signe une certaine mélancolie qui fait penser à la dernière lumière au bout d'une lente agonie. De grosses qualités qui, à mes yeux, viennent adoucir le gros problème des personnages à l'écran, trop insignifiants pour être significatifs. L'époque des héroïnes badass est définitivement terminée, et Scott se fait même pas chier à iconiser son lead féminin. Ici le personnage principal c'est Fassbender, et il fait assez bien le boulot pour cacher la misère du reste. Après on regarde un film de monstre, que l'on peut comparer aux slashers dans leur narration, mais c'est pas une raison pour les mecs d'être bêtes (en plus de pas savoir viser, ils se séparent au moindre accroc, rookie mistake). Au final le film a pas mal de qualités, et non des moindres (je n'ai pas parlé de l'esthétique des bestioles, qui est vraiment réussie, même si je vise plus la première que la deuxième partie), et toujours les mêmes défauts d'une saga qui vieillit, mais ne meurt pas. Increvable, comme ses monstres.
Créée
le 15 nov. 2017
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