Vieux loup de mer en mode MacGyver

Après la belle surprise Margin Call qui révélait alors un auteur à surveiller, j'attendais avec impatience la prochaine proposition de J.C Chandor. Un peu septique à l'annonce de son sujet, j'ai commencé le film un peu sur mes gardes. En effet, All is lost part d'un pari assez osé, un huit clôt sur l'eau avec un seul personnage à l'écran peut vite se résumer à une introspection ennuyeuse qui n'a rien à proposer. Mais J. C. Chandor prouve une nouvelle fois qu'il sait mener sa barque avec aplomb et signe avec All is lost un film référence dans le genre qu'il investit, ni plus, ni moins. Et ce, à différents niveaux.

En matière de réalisation d'abord. Quelle fougue déploie le cinéaste lorsqu'il faut faire parler les éléments. Quel coup d'oeil quand il fait danser sa caméra dans cet espace si clôt qu'il a à sa disposition. Jamais on ne quitte des yeux les embarcations de Redford et pourtant on a cette impression de voyage, de découverte d'un océan indien si menaçant. L'aisance avec laquelle J. C. Chandor occupe l'espace permet à All is lost de dépasser le simple film catastrophe. On est parfois devant des plans naturalistes magnifiques, qui nous font voyager autant qu'ils apportent avec leur composition graphique des éléments de réflexion très passionnants.

En matière de direction d'acteur ensuite. Robert Redford est magnétique, doté d'un sang froid en béton armé, il inonde l'écran de son charisme insolent. On croit à son personnage sans opposer aucune résistance, ce qui permet à ses décisions parfois surprenantes de passer pour des leçons de survie. Sans jamais parler, ou presque, il parvient sans mal à véhiculer ce que J. C. Chandor souhaite faire passer comme message. En ce sens que ce père de famille confronté aux éléments n'est pas plus à plaindre qu'un autre. Jamais le réalisateur ne fait se plaindre son personnage, ce qui est très appréciable. L'homme est un navigateur aguerri, il sait ce qu'il risque en prenant la mer, et s'il ne cessera de se battre pour survivre, jamais il ne cherchera à reprocher à quelqu'un sa situation.

All is lost confirme tout le talent de ce réalisateur à suivre qu'est J. C. Chandor. En deux films, le gaillard a prouvé son efficacité, qu'elle soit narrative ou technique. Avec cette épopée maritime, il continue en effet de marquer les esprits. Difficile de trouver à redire de cette leçon de survie, qui en un peu plus de 90 minutes, fait le tour de la question avec sensation et subtilité. Impressionnant.
oso
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le 14 févr. 2014

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