Live and let drive in L.A.
Parler de cinéma et de Michael Bay dans la même phrase relève sans doute, pour beaucoup, du geste kamikaze. Surtout lorsque ses plans durent en moyenne moins d'une seconde, comme dans...
le 24 mars 2022
40 j'aime
3
(Et pourquoi pas ?)
Dans la liste des choses à faire avant de mourir, je pense qu'il faudrait rajouter "voir un film d'Eric Rohmer en compagnie de Michael Bay".
Ca fait depuis Armageddon que j'avais pas revu de film de Michael Bay, donc j'ai pas tout suivi le délire, je dois avouer que ça m'avait pas spécialement manqué, et qu'en sortie de salle mon crâne résonne encore un peu creux.
Cela dit, il y a quelque chose de joyeusement régressif dans ce fatras, et c'est finalement assez cohérent que le type se soit mis à filmer toute une saga centrée sur des jouets, le plus beau moment de sa vie c'est certainement quand il a pu brancher ses caméras sur des mini-drones télécommandés pour les faire surfer (au pif total) sur toutes les surfaces des gratte-ciel avant de fondre (toujours au pif) au sol en faisant 6 looping inversés.
Quand un type se pose sur un fauteuil, un geste simple pourtant, il te faut 10 plans pour une durée totale de 3 secondes, dont 4 plans débullés, trois gros plans, deux inserts, et 18 zooms avec Michael J Fox comme cadreur.
Quand des types marchent dans un couloir, il faut une caméra à l'autre bout qui se met à foncer vers eux à la vitesse d'Usain Bolt. C'est génial parce que c'est n'importe nawak. On n'est pas du tout dans l'optique des shaky-cam à visée réaliste pour mettre le spectateur en totale immersion. Bay s'en bat les couilles du réel, il vise au grandiose jusqu'à l'absurde, il déboite le naturalisme, l'artifice devient le principe.
Sans nul doute, une expérience digne des peintres futuristes allemands du début 20ème siècle.
Outre les destructions des 3800 bagnoles de flics (un peu autistes sur les bords), les 250 esquives de sniper, la destruction du gang entier de papy chulo, des plans plus farfelus que jamais (peindre une ambulance en vert fluo pour passer inaperçu dans la circulation, du génie), on a quelques éléments narratifs assez extraordinaires, des flash back racoleurs et grotesques (dès les premiers plans singeant du drame social avec des gros plans sur des gamins supposément désoeuvrés errant dans les rues et dont je souhaitais la mort rapide), une psychologie des personnages finement étudiée (et assez vertigineuse, puisque Jake Gyllenhaal semble réaliser en temps réel le ridicule de son surjeu), et une révolution jamais vue dans le monde de la médecine (où comment opérer à ventre ouvert un type réveillé, en trifouillant dans ses tripes tout en suivant les consignes par faceapp des top médecins de Los Angeles jouant au golf, tout en se faisant draguer par son preneur d'otage qui aimerait bien aussi y mettre sa main, et en arrêtant une hémorragie interne avec une épingle à cheveux, heureusement que les persos n'avaient pas en plus le covid).
Mais mention spéciale pour le final, avec cette musique triomphante incroyable, ce wtf extraordinaire où les personnages finissent enrichis par cette expérience de vie exceptionnelle, l'héroïne brave infirmière qui finit par comprendre le sens de la vie, découvre l'empathie pour ses patients et va retrouver la petite fille toute mimi blessée dans un accident de voiture qui lui demande de ne plus lâcher sa main.
J'ai chialé.
Merci Michael.
Vivement la suite avec Gyllenhaal qui s'évade de prison et balance des ogives nucléaires sur Poutine.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Journal du roi lapin - Films 2022
Créée
le 24 mars 2022
Critique lue 777 fois
32 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Ambulance
Parler de cinéma et de Michael Bay dans la même phrase relève sans doute, pour beaucoup, du geste kamikaze. Surtout lorsque ses plans durent en moyenne moins d'une seconde, comme dans...
le 24 mars 2022
40 j'aime
3
(Et pourquoi pas ?) Dans la liste des choses à faire avant de mourir, je pense qu'il faudrait rajouter "voir un film d'Eric Rohmer en compagnie de Michael Bay". Ca fait depuis Armageddon que j'avais...
Par
le 24 mars 2022
32 j'aime
8
Ce film d'action est de Michael Bay. C'est l'histoire de Will Sharp ( Yahya Abdul-Mateen II ) et de son frère adoptif Danny Sharp (Jake Gyllenhaal ) qui vont décider de faire un braquage ensemble...
Par
le 23 mars 2022
31 j'aime
2
Du même critique
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
Par
le 25 déc. 2015
261 j'aime
26
Je vois bien ce petit jeu qui consiste à se moquer plutôt méchamment et bassement de ce film en tournant en dérision tous ses côtés un peu débiles volontaires ou non. Mais j'aime vraiment bien Batman...
Par
le 16 juin 2013
163 j'aime
25
Je me souviens, il y a une douzaine d'années, quand je n'étais qu'un collégien d'1m57, de la salle de perm, à la cour, jusqu'aux couloirs étroits menant au réfectoire, se murmuraient avec insistance...
Par
le 8 sept. 2013
122 j'aime
5