Petite Anthologie du Cinéma(l) Poli

American Grindhouse de Elijah Drenner est un documentaire de 2010 qui s'attache à la colossale entreprise de vouloir raconter ce qu'est le cinéma d'exploitation et le cinéma Grindhouse américain de ses origines jusqu'au début des années 80. Une tâche immense surtout pour un film qui dure moins de 80 minutes et qui le condamne d'emblée à survoler bien plus qu'à approfondir l'intégralité de ses nombreux sujets.

Raconté par Robert Forster et fort de nombreux intervenants American Grindhouse revient donc sur les tout premiers films dits d'exploitations, leur évolution au fil des décennies et ceci jusqu'à l'apogée du genre durant les années 70.

Le problème de ce genre de documentaire bien trop court c'est qu'il brasse le plus souvent trop d'informations afin de proposer un inventaire exhaustif mais au final il reste surtout le sentiment d'un catalogue un peu superficielle. Le documentaire montre déjà clairement que dès les premiers instants de l'existence du cinéma des petits malins avaient flairer comment attirer les spectateurs en leur proposant de la violence et du sexe. Le cinéma d'exploitation est donc aussi vieux que le cinéma lui même et il ne cessera d'évoluer au fil des époques et des différents codes de censures. Comme le dit John Landis dans le film "l'important c'est de faire du fric , c'est ça les USA" et le plus souvent le cinéma d'exploitation utilisera des niches de spectateurs, des thématiques chocs et des campagnes publicitaire plus importantes que les films eux mêmes pour attirer les spectateurs en quête de sensations fortes. Il est assez amusant de voir que parmi les premières vagues de films d'exploitations existaient des films à vocation médicale et hygiénique permettant de voir des accouchements en gros plan, des films sur la drogue ou des conseils sur la chaude pisse. Puis le film se lance dans une sorte d'inventaire des différents genres et sous genres qui ont façonner le cinéma d'exploitation au fil du temps avec quelques interviews et films emblématiques pour chaque domaines d'exploitation. Si vous n'êtes pas trop au fait du cinéma bis vous découvrirez peut être les film de nudistes, les films de délinquance juvénile, les beach movies et les roughies qui ajoutaient à la nudité une violence systématique et parfois SM sur les femmes. Cette première partie post-seventies est peut être la plus riche en information puisque de nombreux films cités sont rares voir inconnus chez nous.

La suite du documentaire nous entraine plus en terrain connu (du moins pour les amateurs de cinéma bis) et l'on découvre les prémices du gore avec le Blood Feast de Herschell Gordon Lewis, l'ultra violence avec La Dernière Maison sur la Gauche qui permet de voir que même en interview David Hess cabotine comme un fou furieux. Le film revient aussi sur toute la vague de la Blacksploitation et ses accusations de racisme anti blancs (comme quoi l'histoire est un éternel recommencement) et bien sûr sur l'explosion de la pornographie. On fera aussi un petit tour du côté des films de prisons pour femmes et de la nazisploitation, genre au combien épineux avec notamment le curieux film d'action The Tormenters dans lequel Jésus se bat contre des nazis. L'occasion aussi d'entendre Don Edmonds le réalisateur de Ilsa Le Louve des SS expliquer très clairement qu'il a fait le film uniquement pour l'argent en écoutant la catin qui sommeillait en lui . Après ce long survole de sous genres le film s'interroge sur son avenir possible ou ou sa disparition du fait que la plupart des éléments propres au cinéma d'exploitation (sexe-gore-drogue-violence) se retrouvent maintenant dans les productions dites traditionnelles. Le film datant de 2010, traitant uniquement du cinéma américain et s'arrêtant au début des années 80 l'empêche d'avoir une vision globale du cinéma d'exploitation mais est ce vraiment possible d'en faire totalement le tour hormis dans une série documentaire de plusieurs épisodes dont American Grindhouse semble finalement livrer d'alléchantes bandes annonces.

American Grindhouse reste un documentaire assez sympathique avec de nombreux intervenants de qualités dont les incontournables John Landis et Joe Dante, de nombreuses informations, plusieurs réflexions intéressantes et surtout quelques éclairages sur des petits films complétements oubliés ou inconnus. Un sympathique survol du cinéma mal poli qui laisse un peu sur sa faim, mais qui ouvre l'appétit.