Une liberté totalement débridée

Ce "Prix du jury" au festival de Cannes 2016 a été diversement reçu (par les critiques professionnels et un peu tout le monde). Il y a eu des "pour" et pas mal de "contre" ; je fais partie des premiers.
Oui, les 2 heures 40 du film peuvent sembler répétitives, mais pour ma part, j'ai suivi sans ennui la longue errance, la vie communautaire et les aventures sentimentalo-existentielles de cette bande de tout jeunes adultes originaires des quatre coins des Etats-Unis, rebelles de type white trash (pauvres blancs, marginaux aux moeurs libres) qui, à bord d'une camionnette (ou van), traversent leur vaste pays en vendant, pour subsister, des abonnements à de vagues magazines et occasionnellement leurs charmes.
Le climat du film ne m'a pas déplu, même s'il est souvent limite (sans jamais vraiment tomber, sauf une demi-fois, dans la franche violence).
J'ai aimé la bande-son, j'ai aimé les images. J'ai apprécié l'espèce d'entente et de fraternité régnant dans la bande. Et que celle-ci soit dirigée par une jeune femme (c'est elle, le PDG de l'entreprise) sans que ce soit contesté par les mecs, tous jeunes il est vrai, m'a assez amusé.
Je vois bien tout ce qu'on peut reprocher au film d'Andrea Arnold, notamment son absence presque totale de moralité. M'enfin, ça n'est qu'un film, une oeuvre d'art, et dans ce monde virtuel, on peut (par définition ?) se permettre pas mal de choses interdites dans la vie réelle, et notamment d'y mener une vie complètement libre moralement, socialement et sexuellement. Non ?
Bref, j'ai plutôt aimé, je l'avoue, ces 2 h 40 d'évasion et d'excès divers sur les routes états-uniennes en compagnie de cette bande de jeunes presque délinquants (trash = "raclure") en rupture de ban. Et cela, même si le focus du film est beaucoup trop braqué sur un seul couple (Star / Sasha Lane - Jake / Shia Labeouf), qui n'est pas forcément plus intéressant que les autres.

P.S. American Honey reprend le titre de la chanson (de "Lady Antebellum", un groupe de country pop originaire de Nashville, Tennessee) que toute la bande chante en choeur, aux 2/3 du film, tandis qu'ils roulent en van, pour fêter, je crois, l'anniversaire de l'une de ses membres. Et il est sous-titré : "Une Américaine pur sucre" (en français, dans le métrage).