Spectator Nightmare
L'idée de base est très originale, en insistant sur les vices des humains, mais elle est très mal exécutée. Des plans médiocres, une mise en scène pauvre en relief et des personnages d'une...
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le 10 août 2013
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Dans un futur proche, la criminalité et la misère aux Etats-Unis est telle que le gouvernement américain décide non pas de transformer l'île de Manhattan en prison mais d'instituer un jour par an où durant douze heures les autorités ont pour mot d'ordre de ne répondre à aucun appel de détresse dans tout le pays. Ainsi, lors de ce jour appelé la Purge, tous les crimes en Amérique, toutes les agressions quelles qu'elles soient sur quiconque (y compris le meurtre) sont autorisés voire encouragés. Tous ceux qui répriment leur ressentiment au quotidien et cachent leur haine profonde envers quelqu'un (et tous les grands tarés du pays) ont donc l'occasion de laisser leur agressivité s'exprimer en toute impunité durant douze heures. Le but de la manoeuvre est de réduire la pauvreté dans le pays en faisant de ceux qui n'ont pas assez de moyens pour se payer durant ce jour funeste une demeure apte à les protéger, les premières victimes de la Purge. James Sandin (Ethan Hawke) est un père de famille qui a clairement réussi. Propriétaire d'une luxueuse maison sécurisée dans une banlieue chic, il est l'un des principaux représentants en immobilier fortifié. La Purge lui permettant ainsi de bien gagner sa vie, il est convaincu de l'utilité de ce jour et ne le remet pas en cause. La nuit de la Purge approchant, il se prépare lui et sa famille à se calfeutrer tranquillement dans sa maison. Mais lorsque son jeune fils ouvre à un sans-abri pris en chasse par un groupe de jeunes bourgeois dégénérés, ceux-ci font bientôt le siège de la maison en posant un ultimatum : la famille a deux heures pour leur livrer le sans-abri, autrement ils viendront eux-mêmes le chercher.
L'idée de la Purge, d'un grand potentiel thématique bien que sans aucune crédibilité, renvoie indéniablement aux traitements carpenterien du clivage social au coeur du système américain, inégalités sociétales dénoncées dans des oeuvres hautement politisées telles que Assaut, New York 1997 ou encore They live.
Hélas, là où Big John savait manier la critique et la subversion tout le long de ses intrigues tout en proposant des scénarios fascinants et addictifs, James de Monaco (pourtant scénariste du sympathique remake de Assaut et grand fan de Carpenter) ne tire jamais pleinement parti du potentiel narratif de son point de départ. Il nous propose au contraire un vulgaire home invasion, articulé autour d'un dilemme moral (pour sauver sa famille, le patriarche doit livrer aux assiégeants le sans-abri qui se cache dans ses murs). Un sujet à peine esquissé tout comme le recours à l'auto-défense, deux sujets d'actualité pourtant majeurs aux Etats-Unis, au lendemain d'une succession de massacres de masse par armes à feux (encore aujourd'hui hélas selon les médias...).
Au lieu d'offrir un panorama complet de cette société déliquescente, le scénario concentre tous ses protagonistes et ses enjeux dans la même unité de lieu pour en tirer un banal survival mâtiné d'un zeste d'anticipation. Après l'exposition de ses enjeux et une longue partie de cache-cache redondante, le film se vautre dans la surenchère de séquences sanglantes où la famille prend le parti d'affronter leurs agresseurs plutôt que de les contenter en leur livrant le "nuisible" qu'ils demandent. S'ensuit une série de mises à mort mises bout-à-bout et dont De Monaco ne tire aucune réelle innovation.
Certes, le film est bien emballé et le troisième acte, celui des règlements de compte, apporte son lot de pugilats-défouloirs mais l'ensemble aurait mérité un meilleur traitement. Tout reste prévisible dans le déroulement de l'histoire, de cet "assaut" sanglant dont on sait pertinemment qu'il aura lieu à l'intervention finale de ces voisins croisés en début de métrage et que l'on soupçonne d'être trop avenants pour êtres vraiment honnêtes.
C'est dommage, le concept de la Purge permettait une étude de caractères bien plus fouillées que le simple actionner que l'on nous donne à voir ici. Imaginez un peu, la Purge donne assez de latitude à quiconque pour tuer n'importe qui et ce sans avoir à craindre l'emprisonnement. Le film aurait mérité plus que ses ridicules 85 minutes pour approfondir pleinement un tel sujet, lequel s'avère au final sous la caméra de De Monaco, un simple prétexte à un jeu de massacres entre personnages qui pour la plupart (et ça c'est le pompon) ne se connaissent pas. Reste un honnête film de genre, bien filmé, violent et sanglant comme il se doit, mené par un Ethan Hawke toujours crédible et une Lena Headey à contre-emploi dans le rôle d'une bourgeoise soumise.
J'aurai cependant souhaité un récit plus ambitieux, une histoire apte à me faire douter de l'attitude et de la sincérité de tous les personnages, des enjeux plus complexes, des règlements de compte plus dramatiques et intelligents, un déchaînement des passions, des dilemmes moraux... bref un récit idéal qui aurait su attiser toute la rage de ces protagonistes pour mieux les confronter à leur propre sauvagerie. Ce genre d'émotions-là, American Nightmare ne les procure à aucun moment.
Maintenant, peut-être De Monaco a-t-il fait preuve de plus d'ambition et de créativité dans The Purge 2 : Anarchy, que je n'ai pas encore vu. Mais au vu du peu de popularité de cette suite, j'ai comme un doute.
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le 2 oct. 2015
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