American Pop est une œuvre atypique sortie de l'esprit créatif sous acide du réalisateur de Fritz The Cat et Wizards, Monsieur Ralph Bakshi. Mais le bijou de ce dernier quoique très personnel, reste relativement éloigné de ses autres réalisations. Tout d'abord très loin de l'humour potache qui tâche de Fritz The Cat ou Heavy Trafic, et également assez différents de ses oeuvres plus épiques comme Ice and Fire, ou encore du style l'heroic fantasy avec le duo The Lords of Ring et Wizards. American Pop n'est donc pas une comédie, ni un film d'aventures, c'est un drame.
American Pop traite de deux choses, de l'homme et de la musique. Mais la musique ne peut exister sans l'homme, comme l'homme ne peut vivre sans celle-ci. Voici un bon résumer d'un des principaux messages du film.
La véritable réussite de Bakshi est d'avoir eu l'idée d'utiliser quatre générations, pour ainsi facilement insérer tout un tsunami de références musicales, cinématographiques, voir même tout simplement culturelles. Et ainsi revivre certains grands moments de l'histoire des États-Unis, voir du monde. L'histoire commence quelques années avant la Première Guerre mondiale, pour finir dans les années punk. On peut même dire que ce film est tout simplement l'histoire du rock, de ses origines jusqu'à «aujourd'hui». Et pour y arriver, nous sommes confrontés à divers milieux ou événements, qui ont influencé les artistes pour faire évoluer la musique. On retrouve donc sans surprise la guerre du Vietnam, et l'ère hippie. Pour ne pas faire tout le curriculum, et laisser place au plaisir de la découverte. De toute manière, le film est tellement riche en ce qui concerne les références cinématographie, et surtout musicale, que cela me serait trop long et pénible de les expliciter en détail. Ce qui est indiscutable en tout cas, c'est que chacun y trouvera satisfaction, pour peu que le sujet le concerne.
Techniquement, c'est irréprochable (bon j'exagère), sans aucun doute l'oeuvre la plus maitrisée du monsieur. Chaque personnage dégage quelque chose de très authentique, très visible dans les expressions et démarches. Comme c'est un Bakshi, des images réelles, voir d'archives sont insérés, pour ici donner une plus grande valeur au drame. Contrairement à Heavy Trafic, elles ne sont que rarement utilisées, et surtout beaucoup plus discrètes et pertinentes.
Mais ce qui impose au-delà de la technique, du drame, ou des références, c'est la musique. Et à ce niveau, c'est plus qu'honorable : Janis Joplin, Bob Dylan, The Doors, Lou Reed, Jefferson Airplane, The Mamas & the Papas, Jimi Hendrix, Lynyrd Skynyrd, etc. Et surtout chapeau bas pour Lee Holdbrige, et sa composition de la bande originale, qui frôle la perfection. À mes yeux, l'une des plus réussie dans le monde de l'animation.
Cette œuvre est une fable musicale et humaine magistralement orchestrée. Le rythme est tel que l'œuvre ne perd jamais en intensité. Cela va parfois même trop vite, et on regrette de ne pas s'être attardé un peu plus sur tel ou tel aspect. Même la critique sociale dont est friand Bakshi, n'empiète pas sur la qualité générale de l'oeuvre. D'ailleurs, on peut se rend compte que tout change sans véritablement changer (Petit clin d'oeil à Le Guépard). L'époque change, les moeurs également, mais chacun des protagonistes a pour seule et unique raison de vivre : la musique. Car même si la vie est cruelle, et injuste envers ses derniers, elle les sauvera du naufrage. Et il faut dire que sur ce point Pete et ses descendants vont subir chacun les drames de leurs générations.
En bref, s'il ne fallait retenir qu'un film de Bakshi sans hésitation, aucune : American Pop. Une oeuvre à découvrir pour tous ceux pour qui la musique tient une place centrale dans leur existence.
Bande-annonce : http://youtu.be/6-UCLiQ5EdQ
Scènes marquantes :
Phantom of Paradise ? : http://youtu.be/f-PGUQgfld0
Flower Power: http://youtu.be/13lzrdubePA
Peace and War: http://youtu.be/VSr7xNkL7D4