Une passion des plus émouvantes,même quand comparée aux films similaires.Amour en Grand Ecran.

Une Glaneuse d'ammonites entourée de Glands...
Juste quelques notes improvisées car je suis surpris par des titres négatifs de critiques qui m'accueillent sur sa page SC (je ne les ai pas encore lues).
Un film qui a plusieurs strates.
Comme son personnage, il ne faut peut-être pas s'arrêter à sa surface, au risque de croire à tort
que c'est "Une passion entre deux femmes, austère et lente, qui souffre de la comparaison avec un film similaire" (sic).
Alors qu'au contraire, il gagne à être comparé à des oeuvres plus publicisées et financées dont on nous a beaucoup plus parlés et poussés à aller voir pendant des mois (comme Brokeback Mountain, à la publicité matraquée en son temps).

Je l'ai vu sur grand écran cet été grâce au Festival « IN&OUT » organisé chaque année à Nice, Cannes et Toulon. La présentation avant la séance nous a expliqués que la sortie du film sur grand écran avait tristement été sabotée non seulement lors du premier confinement mais aussi une seconde fois, pour finir acheté pour distribution uniquement VoD et télé canal +.
En ridicule création personnelle, je n'ai perdu que des documents word, mail ou excel, donc je ne peux qu'imaginer la déception pour un artiste et toutes ses équipes de ne pas voir le fruit de leur long et beau travail, ne pas finir présenté dans l'écrin prévu d'une salle molletonnée et calme,
mais finir vu à la va-vite souvent par des gens débordés qui mangent et parlent.
Alors qu'il avait été aimé et présenté sur grands écrans aussi au Festival de Cannes et de Toronto en sélections officielles.

Aussi aberrant que ça paraisse, je ne savais pas où le film allait puisque imaginais d'abord voir un film féministe sur une de ces nombreuses scientifiques bafouées et écartées de l'histoire de la Science. C'est tout ce que je savais du film avec la présence de ma Kate Winslet dont la participation, même en série, devient une garantie d'un minimum de qualité ou au moins d'intérêt.
Juste avant le film, j'apprenais aussi que le réalisateur avait filmé le beau 'Seule la terre', dans son Yorkshire natal, qui déjà trahissait sa passion pour la photographie.

Dés le début et ses plans sur la plage de galets, j'ai en effet pensé à des photos notamment de Salgado (dont le 'Sel de la Terre' rappelle d'ailleurs le précédant 'Seule la terre'.
Et les plans sur les murs et falaises constellées de minerais rappellent des tons et nuances de tableaux de Garouste.

'Seule la terre' avait déjà dans sa distribution la crédible Gemma Jones dont j'ai ajouté ici la première liste: elle joue la maman fragile qui transforme en 'Aidant' sa déjà débordée fille.
Gemma Jones est de ces actrices dont les talents sont considérés comme allant de soi et passent encore trop inaperçus tant elle fait toujours le job impeccablement.

Tous les personnages sont très incarnés avec une impression de vérité: le mérite revenant à Saoirse Ronan ou Fiona Shaw.
Après le film, il me revient qu'on a eu un débat sur le personnage que Shaw joue: je pensais que cette herboriste était celle qui avait éveillé au sexe la scientifique. Voire, aurait même été une 'pédophile'? selon sa joie et amusement moqueur de la revoir après son départ de son jardin (quand elle joue avec l'argent que la très timide et pudique, lui a obstinément donné). Je me trompe peut-être, je n'ai pas encore revu le film: ma coreligionnaire en cinéphilie pensait que la jeune paléontologue avait juste refusé les avances du 'fossile'...("je ne pouvais te donner" ce que tu voulais?).

Je tourne autour du pot.
Je fais trop long et alambiqué.
Pour être plus clair: je suis amoureux de ce genre de décors, de ce genre de plages, de ce genre de ports et habitations alors pas encore massacrés par les câbles et autres panneaux publicitaires.
Si je ne meurs pas sur la route, j'aurais aimé mes cendres jetées sur une de ces plages
(pour qu'elles fassent éternuer les présents, s'ils sont là).

"Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes" dit le résumé. Le beau verbe qu'Agnès Varda m'avait si bien appris, ne me semble pas faire justice à l'effort, l'attention et la connaissance nécessaires pour dénicher et extirper à la terre des raretés de qualité.
Mais elle s'occupe aussi de la boutique.
Elle s'occupe de sa maman.
Elle s'occupe aussi de la maison. De l'alimentation en eau au puits.
Un beau film sur les aidants, ces super-héros qui ont désormais leur liste.
Et elle va se retrouver à aider une inconnue, une femme d'un client de la boutique.
Une réfugiée...aisée.
Je pensais que c'était son corset qui l'avait étouffée mais ce voile du corps débile briseur de côtes, n'était pas la cause essentielle de son malaise.
Sa maladie est causée par un bain dément dans la mer glacée, filmé comme une scène de Saw ou Cube...
Scène incroyable sur un écran géant, de nous faire vivre le sort de Saoirse aux mains de deux costauds, ce canon de beauté, est poussé à la mer, comme un canon sur roues, à l'attaque des ressacs,
cette peureuse de la foule, est seule face à la houle.
Prisonnière d'un vrai ring en bois où elle se fait mettre K.O. par cette thalasso de machos.
Le docteur Français en VO parle de "torture", confirme que la maladie est causée par ces bains débiles.
Mais nous savons que le terrain, sa santé, avaient été aussi minés par un deuil des plus terribles, son corps pre-affaîbli par un chagrin débilitant. La paralysant dans son lit, comme nous l'avons tous connu ou le connaîtrons.

Je sais que la thérapie par l'amitié et la naissance d'une passion ont déjà été traités mais la transmission et l'aide ici apportées ne sont pas que sexuelles ou sentimentales, ce qui seraient déjà très beau et bien. Non, elles deviennent chacune mentor de l'autre dans des domaines différents.
La convalescente apprend aussi un métier et surtout , ma partie favorite, le fact-checking scientifique.

ps:
La page de SC m'apprend que c'est adapté d'un livre de Tracy Chevalier dont je trouve le titre bien meilleur, 'Prodigieuses créatures', qui aurait pu aider la publicité du film par un peu son rapprochement avec un autre beau film sur une autre très forte amitiée, 'Créatures célestes', avec aussi Kate Winslet.
'Prodigieuses créatures' est plus invitant que des 'mo(u)llusques fossilisées': Ammonite étant pour ma culture un mot plus obscur...même si j'apprends qu'on a en France un chef d'oeuvre de la nature qui ravirait notre paléontologue : une Dalle d'ammonites en Provence visitée du monde entier...