Au début des années 70, une idée saugrenue semblait dans l'air du temps puisque deux réalisateurs vont s'en saisir de manière presque simultanée. Pourtant faire un film avec un scientifique qui greffe des têtes pour donner des individus avec deux tronches c'est plutôt le genre d'idée que généralement tu laisse passer en te disant que c'est trop con pour en faire un film plutôt que de la saisir en plein vol comme si il était intelligente. Je n'irais pas jusqu'à dire que Lee Frost est un vilain copieur avec son film La Chose à Deux Têtes mais une chose est certaine c'est que ce Amok l'Homme à Deux Têtes est bel et bien le premier à sortir sur les écrans américains en 1971
Amok l'Homme à Deux Têtes c'est l'histoire d'un scientifique qui fait des expériences tranquille chez lui en dehors de tout contrôle éthique et médical. Son truc à lui c'est de greffer une seconde tête à des animaux en attendant de pouvoir tester l'opération sur des humains. Le but vaguement scientifique étant d'apporter une tête bien pleine pour combler les manques d'une tête bien vide. Les circonstances vont permettre à ce scientifique une expérience dangereuse en greffant la tête d'un tueur et violeur psychopathe sur le corps d'un grand gaillard avec l'esprit d'un enfant de dix ans.
Esprits cartésiens, scientifiques et logiques passez votre chemin le film de Anthony M Lanza est déjà assez discutable sur la cohérence de sa trame scénaristique sans qu'on vienne y chercher en plus la moindre crédibilité scientifique. Car ce bon chirurgien scientifique fou interprété par Bruce Dern va tout de même avoir la brillante idée de venir greffer la tête du type qui vient tout juste de tenter de violer sa femme sur le corps d'un simple d'esprit à la force démesurée. C'est ainsi notre cinglé moustachu, malsain et passablement obsédé va vite prendre le dessus sur l'esprit fragile avec lequel il cohabite pour bénéficier d'une force toute nouvelle et devenir un monstre aussi dangereux que meurtrier. En revisitant un peu le mythe de Frankenstein Anthony M Lanza nous offre une créature étrange à deux têtes avec celle du psychopathe qui rigole sadiquement de ces méfaits tandis que l'autre tête pleure à chaudes larmes de faire du mal aux gens sans pouvoir contrôler les actions de son corps. En tout cas l'idée est assez amusante et le contraste des deux personnages est assez réussi. Les deux sont d'ailleurs attirés par la jolie blonde du film interprétée par Pat Priest, l'un de manière bien platonique et l'autre dans une attirance beaucoup plus sexuelle à tel point que l'une des accroches du film qui dit This brain wants to love – This brain wants to kill aurait pu être This Brain wants to love – This Brain wants tro fuck .. mais c'était un peu moins classe et commercial (quoi que???).
Niveau effets spéciaux on est bien sûr dans du bricolage artisanal et plus proche de l'entourloupe que de la grande illusion. Dès le départ on sera surpris par les étranges proportions du personnage de Danny (John Bloom) un grand costaud rondouillard avec des épaules bien plus larges que la logique. On sent qu'il fallait de la place pour accueillir une seconde tête et l'on comprendras surtout qu'il fallait que le personnage soit le plus large possible car pour créer l'illusion le comédien Albert Cole, qui joue donc le tueur, vient se cacher derrière John Bloom et pose sa tête sur son épaule comme un malotru qui lirait le journal par dessus votre épaule. Un joli cache col blanc pour cacher les raccords, un cadrage avantageux et le tour est joué, magie du cinéma, quintessence de l'illusion, on y croirait presque. Pour les plans plus larges et les scènes qui montrent Danny de dos, on a juste collé une fausse tête sur l'épaule du comédien qui se trimballe ainsi avec une trogne rigide et brinquebalante à côté de la sienne.
Amok l'Homme à Deux Têtes est sympathique mais manque toutefois cruellement de folie et d'action pour dépasser le statut de simple petit film fauché mais pas désagréable.