Walter R.Booth fait partie des pionniers du cinéma britannique. Il a opéré en marge des réalisateurs regroupés par le spécialiste Sadoul sous l'étiquette 'école de Brighton', courant responsable de la sophistication du montage et de techniques de base. Magicien à l'origine (comme Méliès, prestidigitateur et propriétaire du théâtre Robert-Houdin avant tout), il s'est lancé dans le cinéma avec le soutien de Robert W.Paul (A Chess Dispute), producteur de la plupart de ses films.


An Over-Incubated Baby est tourné à ses débuts et raconte en soixante-cinq secondes la mésaventure d'une mère de famille confiant son bébé à des visionnaires pas très au point. La machine à croissance accélérée, censée faire gagner deux ans en deux minutes et transformer les enfants chétifs en garçonnets costauds, fait du sien un vieillard précoce. Le film est dépourvu d'intertitres mais le sens de l'action est explicite grâce à des pancartes et slogans disposés autour de l'incubateur.


L'issue vire à la farce, avec l'arrivée impromptue d'un prêtre anglican hilare. Cette péripétie express fait d'An Over-Incubated Baby un des tous premiers films de science-fiction. X-Rays de George A.Smith est probablement à la source ; Méliès en fait un remake dès 1898, avant de livrer La Lune à un mètre (1898) dont l'appartenance au genre est ambiguë, puis Coppelia (1900) qui ne l'est pas ; et surtout Le Voyage dans la Lune (1902), souvent considéré, à tort donc, comme le premier film de SF alors que c'est le premier succès de masse, passé à la postérité.


Au-delà de cet opus, Walter R.Booth a livré une dizaine de films tutoyant l'horreur, la science-fiction et le fantastique. Il a notamment présenté The Haunted Curiosity Shop (1901), la première adaptation d'A Christmas Carol de Dickens (Scrooge or Marley's Ghost, perdu pour un tiers) et le très fantaisiste Motorist (1906). Pour la seconde partie de sa carrière (1906-1915) il sera chapeauté pour la production par Charles Urban, qui avait assisté Méliès pour sa 'reconstitution' anticipée (et accélérée) du Sacre d'Edouard VII (projeté à partir d'août 1902), le successeur de la reine Victoria. Plus tard il se chargera de films publicitaires.


https://zogarok.wordpress.com

Créée

le 29 sept. 2016

Critique lue 335 fois

Zogarok

Écrit par

Critique lue 335 fois

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2