Il s'agit d'un film extrêmement long, presque 3 heures, tourné en noir et blanc. Il est cependant divisé en deux parties qui peuvent éventuellement être vues séparément et chaque partie est divisée en chapitres. L'histoire se déroule en Russie au 15 ème siècle dans une période très troublée où règnent le chaos et la loi du plus fort. Le scénario très riche questionne sur la place des artistes dans un tel monde. On suit la vie d'un moine : Andrei Roublev, un grand iconographe russe dont on ne sait en réalité que peu de choses. Le film n'est donc pas une biographie. L'immersion est puissante avec un magnifique prologue montrant un envol de ballon à air chaud très symbolique. On enchaîne ensuite avec l'histrion qui était un mime qui critiquait les puissants. La scène de l'arrestation de l'histrion est évidemment pleine de sous entendus à relier avec la situation de certains artistes en Union Soviétique. On fait donc la connaissance de trois moines : Andrei, Cyril et Daniel. Dans le chapitre suivant Cyril se rend chez Theophane un iconographe tandis qu'Andrei se rend à Moscou pour peindre une cathédrale. Le rythme du film est lent. L'intrigue n'est pas toujours limpide. On a un peu de mal à identifier les personnages. C'est le type même de film qu'il est intéressant de voir plusieurs fois car certaines clés ne sont données que dans la suite de l'histoire. Le chapitre suivant fait évidemment référence à la foi avec la Passion. Andrei vit à fond pour son art jusqu'à la souffrance. Dans le chapitre intitulé la fête, Andréi est capturé et attaché à une croix avant d'être libéré par une jeune femme ... La scène où le prince crève les yeux des artistes est métaphorique et est très puissante. La seconde partie du film démarre de façon très intense par le sac de la ville de Vladimir. Andréi pris dans l'action tue un violeur ... Tandis que les pires horreurs sont perpétrées autour de lui, il se repent de son acte, décidant d'abandonner la peinture et s'enfermant dans le silence. Andréi retourne dans son monastère et prend en charge la jeune femme qu'il a sauvée. Le dernier chapitre du film est intitulé la cloche. Un jeune fondeur fabrique une cloche. C'est tout simplement magnifique avec une description des étapes de la fabrication. La symbolique est très forte. Lorsque la cloche sonne pour la première fois Andréi sort de son silence et décide de se remettre à peindre. Ce chapitre très riche est presque un film à lui tout seul. Le film s'achève par un hommage à l'oeuvre d'Andréi Roublev avec des images en couleur de ses icônes. Beaucoup d'aspects du film sont tout à fait remarquables : la mise en scène, les décors, le contenu ... C'est un film qui suscite beaucoup de réflexion et d'analyse.
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