“Just because we don't wanna do something doesn't mean it can't be done.”
Animal Kingdom est un polar relativement convenu durant les trois premiers quarts du film : on y retrouve une ambiance assez proche des films noirs de James Gray, où la famille criminelle écrase ses membres un à un au nom d’un code commun, personnifié par le grand oncle et surtout la grand-mère, figure castratrice assez effrayante.
Assez rapidement, cependant, deux éléments se dsitinguent suffisamment pour lui conférer une certaine originalité : le rythme, étonnamment long et fondé sur le désamorçage. Les attendus du genre (descente de police, meurtre, voire poursuites) sont toujours et à raison déceptifs. Pas une once de glamour et ou de clinquant, mais la noirceur des haines et des erreurs humaines. L’autre grande réussite réside dans son personnage principal, Josh, pivot de la découverte de ce monde auquel on l’initie vaguement. Bovin, mutique, docile, sans individualité, il est l’anti Toni Montana, la version adolescente et encore un peu fraiche de Jacky Vanmarsenille, le protagoniste de Bullhead.
Si le centre du récit manque un tantinet de crédibilité (à savoir un meurtre poussif dont l’intérêt est une ficelle du scénario avant tout), les conséquences qui en découlent vont le mener à une dernière partie réellement fascinante. Josh, petit être malléable et jugé exploitable par les gangsters comme par les flics, va commencer à tracer une voie qui lui est propre, sans que nous ayons accès à ses intentions avant la dernière image du film. Ce point de vue externe en est l’une des grandes réussites. Moralement opaque, suivant sa propre voie dans un monde où de toute façon, les repères habituels entre gendarmes et voleurs sont effacés, il fait émerger un nouveau type de personnage, aux antipodes d’Hollywood, dérangeant et d’une véritable épaisseur.