Keira ou le syndrôme de la cantine du lycée

J'ai remarqué que chaque utilisateur de ce site a un peu sa bête noire, cet acteur ou ce réalisateur dont la carrière ou le simple nom vous mets dans des états grippaux. Moi mon combat c'est Keira Knightley. Je ne comprends toujours pas, et pourtant j’ai essayé. Pour moi Keira c'est un peu comme le menu de la cantine du lycée : officiellement chaque jour on mange quelque chose de différent mais le poisson a le même goût que la viande, la viande le même goût que le pain, le pain le même goût que l’eau. Aucune saveur, tout est fade. Avec Keira c’est pareil ; elle incarne différents rôles, avec tous des personnalités différentes, mais de la même manière. Son jeu d’actrice est toujours le même, elle nous ressert à chaque fois des rasades de regards malicieux ou larmoyants, alternant avec des yeux poupins étonnés, les lèvres entrouvertes. Elle incarne Anna comme elle incarnait Elisabeth Swann dans Pirates des Caraïbes, comme elle incarnait Juliette dans Joue-la comme Beckham. Son meilleur rôle reste encore celui qu’elle tenait dans la pub pour le parfum Coco Mademoiselle de Chanel.
Du coup ma vision du film est peut-être faussée, car bien souvent quand je vois son nom à l'affiche je me sens irrité d'avance. Aimer le jeu de Knightley revient à aimer le pain sans sel, les pâtes sans sauce. Anna est une des femmes les plus torturée de la littérature mondiale, entre son mari, son amour pour son fils et celui pour son amant. Elle peine à se faire accepter dans une société encore trop coincée dans les carcans de la tradition et de la religion, elle, femme avant-gardistes et féministe de la première heure. Dans le roman de Tolstoï on peut suivre tout le cheminement d’une femme heureuse et aimée de tous, que l’amour ruinera, devenant paranoïaque, happée par la relation fusionnelle et exclusive qu’elle entretient avec Vronski. Alors expliquez-moi comment Keira Knightley a pu se retrouver dans ce rôle, elle qui n’a aucune profondeur. J’admire son obstination à marcher sur les personnages de la littérature classique et essuyer ses grosses godasses sur Anna comme elle l’avait fait avec Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés.
La mise en scène est originale, l’intrigue se déroule sous la forme d’une pièce de théâtre et tout se joue sur une scène. Originale certes mais relativement inadaptée à l’adaptation d’un roman aussi tragique que celui d’Anna Karénine. Et quand Joe Wright essaie d’être tragique, il est plutôt ringard… Inutile de revenir sur les plans de roues de train dans la fumée, supposés évoquer la chute progressive d’Anna dans la folie… Grosse déception pour cette réalisation, les rôles sont plats (Jude Law est lugubre dans son rôle d’Alexis Alexandrovitch Karénine…), les dialogues s’éloignent beaucoup trop de l’écriture et de l’atmosphère du roman de Tolstoï.

CharlieDiMedici
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le 1 juin 2017

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