Aucune tension ne naît sans silences. Le bavardage rend tout vain et sans relief. À vouloir honorer Tolstoï, on oublie de faire du cinéma.


C’est l’écueil éternel de l’adaptation, qu’elle soit littéraire ou théâtrale. Comment aménager les pauses, provoquer des moments forts, laisser certaines situations prendre forme visuellement ou à travers quelques plans, sinon tableaux, qui allégeront le recours systématique aux dialogues pour faire avancer l’action ? Comment ne pas tomber dans le piège des répétitions et du « sur place » une fois qu’une situation est comprise par le spectateur (c’est qu’on n’a que deux heures) ? Bref, faire des choix à l’intérieur des directions suggérées ou imposées dans un roman, et le trahir suffisamment pour rendre son adaptation plus cinématographique, c’est ce que doit faire toute adaptation. Traduire un roman en images, c’est trahir.


Certains passages obligés, qui sont des marques distinctives de l’écriture cinématographique comme les connecteurs logiques dans un récit, des signes telles que les transitions, les séquences dans les lieux publics, les scènes « d’action » plus que de dialogues (il suffit parfois de montrer un personnage « faire » pour le mettre en situation), facilitent ce passage délicat du roman au cinéma.


Commentaire complet à lire sur La Saveur des goûts amers


——————————————————————


À retrouver sur La Saveur des goûts amers :



En rab :


Limguela_Raume
6
Écrit par

Créée

le 11 janv. 2019

Critique lue 259 fois

Limguela_Raume

Écrit par

Critique lue 259 fois

D'autres avis sur Anna Karenine

Anna Karenine
Serge-mx
6

Critique de Anna Karenine par Serge LEFORT

Cette adaptation est la seule qui rende compte de l'amour pour la terre de Lévine (alias Tolstoï) avec de très belles scènes de la campagne russe. Quel dommage que Bondartchouk n'ait pas réalisé...

le 1 juin 2023

Anna Karenine
Limguela_Raume
6

Savanna Gareneninou

Aucune tension ne naît sans silences. Le bavardage rend tout vain et sans relief. À vouloir honorer Tolstoï, on oublie de faire du cinéma. C’est l’écueil éternel de l’adaptation, qu’elle soit...

le 11 janv. 2019

Du même critique

Parasite
Limguela_Raume
9

Amérite

Parasite, c'est un peu Mademoiselle (Park) délivré de son érotisme durassien et se rapprochant à la fois de Molière et de Shakespeare : du sang et des fourberies. Il y a une fable amusante dans...

le 14 juin 2019

7 j'aime

Printemps précoce
Limguela_Raume
9

Saveur précoce

Ozu ou l'incommunicabilité heureuse. Être là et savoir s’en contenter. Comme la triste vitalité d’un saule.Il y a quelque chose de reposant chez Ozu : où sont donc passés les personnages...

le 26 oct. 2023

7 j'aime

Le Grand Meaulnes
Limguela_Raume
6

Le Savoureux Meaulnes

L’histoire d’une mouche myope partie à la recherche de ses lunettes. Le Grand Meaulnes attend sa grande adaptation.Étrange film que voilà. On dirait l’histoire d’une mouche myope partie à la...

le 23 oct. 2023

6 j'aime