Pour ceux qui auront vu Holy Motors, Leos Carax répète dans Annette exactement le même schéma : c'est-à-dire un exercice de style.
Comme les précédentes critiques l'ont relevé, le film joue autour de la distanciation spectateur/films : tout est fait dans le film pour nous faire sortir de l'histoire et que le spectateur prenne conscience du "mensonge cinématographique".
C'était novateur lors de la Nouvelle Vague, mais je trouve assez maladroit de continuer à le faire. (avec Holy Motors on avait déjà compris l'idée Leos).
C'est très poussif pendant tout le film, digne d'un film étudiant.
Le film est un enfer de 2h20, c'est une mauvaise comédie musicale.
Musicalement parlant, c'est infernal : les mélodies se ressemblent toutes et sont peu travaillées, les paroles sont atroces et profondément enfantines. Je grossis à peine le trait : "Je t'aime", "Notre amour est impossible", "Papa est méchant avec moi"... bref on atteint des sommets de ridicules, et on se surprend à souffler dès que les acteurs ouvrent la bouche. Les acteurs chantent de la même manière pendant 2h20, Adam Driver est particulièrement pénible la dernière heure.
Cinématographiquement parlant, tout le monde parle de la photographie.
Ça va peut-être sembler grinçant mais en fait pour moi avec un budget de cette envergure, c'est juste la base que le film soit beau non? C'est même un pré-requis pour une telle production selon moi. C'est bien filmé, mais aucune image n'est sensationnelle, rien de nouveau sous le soleil, il n'y a pas d'inventivité particulière ni en lumière ni en cadre.
Pour les acteurs, malheureusement le film ne les dessert pas, et avec la durée du film on se surprend à ne plus pouvoir les supporter. Pas de mauvais acteurs en soit, mais un mauvais film qui les rend tous insupportables. (exception faite pour Marion Cotillard qui joue mal comme à son habitude).
Résumé rapide des personnages : Adam Driver est un comique de stand-up qui finira par être violent avec sa femme, et la tuer parce qu'il ne supporte pas qu'elle ait plus de succès dans sa carrière que lui. Une fois sa femme tuée, il exploite sa fille pour se faire de l'oseille et redorer son image.
Un scénario somme toute bien cliché, stéréotypé comme on les aime et un male gaze ordinaire qu'on ne relève même plus.
Et contrairement aux autres critiques, j'ai trouvé que le chef d'orchestre était le moins pire de tous, il est largement moins caricatural que les autres personnages, et il a un côté comique qui manque cruellement dans ce film.
Le cinéma de Leos Carax me semble profondément dénué de sensibilité, d'émotions.
C'est un cinéma froid, qui se veut "didactique" sur la forme cinématographique mais en oubliant que pour rallier les spectateurs, il faut qu'il puisse s'attacher aux personnages ou à l'histoire, ce qui n'est pas du tout le cas ici.
Bref, allez-voir ce film si vous voulez savoir ce qu'est un mauvais film.