Annette est un grand spectacle. Total. Une mise en scène de malade, multi-recompensée (Cannes, Césars). Des acteurs qui crèvent l'écran. Adam Driver définitivement parmi les grands. Une originalité à tous les niveaux. Du jamais vu.
Annette est un film intégralement musical (attention aux allergiques) à la bande originale entêtante (So may we start !) porté par cette idée constante de la mise en abîme du spectacle. Les personnages sont des artistes, s'imposant à nous comme les instigateurs d'un spectacle, du spectacle auquel nous assistons, ce qui nous place au coeur de l'œuvre, dans cette relation étrange qui unit un spectacle à son spectateur. Comme dirait le gladiateur Maximus: "n'êtes-vous pas assez divertis?". C'est tout le sujet. Annette est un film qui te retourne la tête pour te forcer à prendre le recul sur les émotions que tu viens chercher à travers tout spectacle. Est-ce que les émotions des personnages ne seraient pas "exploitées" pour ne faire que nous servir? Est-ce que se délecter d'un spectacle total comme cette oeuvre atypique ne pose pas la question de l'artificialité du sentiment de satisfaction d'un spectateur comparé aux émotions véritables des humains portés par les personnages?
Annette est un objet aux multiples facettes, traversées par nombre de séquences que l'on a (ou plutôt que j'ai, moi, spectateur qui se délecte) envie de revoir et revoir. Rien que la scène centrale avec Simon Helberg (qu'il est loin le Howard Wolowitz de Big Bang Theory) est une prouesse dingue, mettant au centre tous les enjeux décrits ici, d'une manière éblouissante, ou plutôt dirai-je... spectaculaire.