Une anomalie au beau milieu de la banalité

Charlie Kauffman, auteur d'Eternal Sunshine, revient à la réalisation d'un film pour la deuxième fois après Synecdoche New York. Son premier film était d'une complexité et d'un brio absolument hors normes. Par conséquent, on est en droit d'attendre une nouvelle perle pour son deuxième film, Anomalisa.


Charlie Kauffman est un auteur qui n'aime pas la routine, qui redoute la mort et qui est fasciné par la nature de l'éphémère. On pouvait le ressentir entre les lignes de Synecdoche New York, mais pour Anomalisa le message est plus clair. Ou bien peut-être suis-je plus attentif maintenant que je suis averti par le cinéma qu'il propose.
Le résultat d'Anomalisa est bluffant tant le film est une critique contre la banalité sous plusieurs formes. La banalité de la vie d'un homme, ennuyé à outrance. La banalité de son entourage et des gens qu'ils rencontrent, et ce n'est pas une coïncidence si ils sont tous incarnés par la même marionnette. Et la banalité dans le cinéma d'animation, où les techniques deviennent de plus en plus redondantes et perdent en réalité.
Comment capter l'éphémère, comment l'appréhender, comment y rester, qu'est-ce que c'est? Une voix suffit à l'appeler.
L'oeuvre de Charlie Kauffman perd en étages de complexité mais gagne en accessibilité tout en gardant la même finesse. Car même si parfois certaines décisions de mise en scène sentent la coupure budgétaire, ces solutions ne paraissent jamais bâclées ou survolées. Les ruses visuelles, sonores et narratives témoignent une fois encore d'une intelligence hors normes.
Le spectateur est investi pleinement dans cette allégorie de l'ennui sans jamais s'y ennuyer grâce à une attention aux détails follement divertissante.
Mention spéciale au travail d'animation qui donne vie à des personnages coincés aux portes du réalisme. Une minutie qui rappelle la motion capture par moments et qui jouit d'un véritable cachet. On est loin du grotesque de Team America mais sans vouloir atteindre la maestria d'un Paranorman. Anomalisa propose son propre style et c'est un régal pour les yeux.


Un film à la fois surréaliste et naturaliste, couillu, brillant, malin. Une anomalie dans le milieu de l'animation. Un des rares à tâcler un public adulte et mâture sans même venir du Japon. Une entreprise risquée mais réussie comme on espère en voir beaucoup plus souvent.

davidalin96
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le 17 janv. 2016

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davidalin96

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