Persona
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le 30 janv. 2016
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Pas spécialement intéressé au départ par le projet, faut bien le dire je n'en avais rien lu ni rien vu, j'ai finalement eu une folle envie de le découvrir, le principe m'a attiré et la technique avait l'air si belle.
J'ai donc découvert ce Lost in Translation façon modélisé sur grand écran, et ça vaut le coup, d'abord frappé par ce style unique aidé par la 3D d'utiliser des poupées qui se baladent au sein de décors fait mains, magnifiques décors d'ailleurs, décidément le modélisme et les répliques miniatures me fascine. Que ce soit de la buée dans la salle de bain, la condensation sur les carreaux, une simple rue, une chambre d’hôtel, tout est fait avec patience et on l'imagine bien sur avec passion et amour. On ne voit pas tant de décors que ça au final, j'imagine déjà le boulot derrière pour ceux ci, mais je ne serais clairement pas contre un autre film utilisant cette technique à une échelle plus ambitieuse.
Toutes ces magnifiques répliques sont rendues encore plus belle grâce à une photographie léchée et chaude, les lumières sont également travaillées avec beaucoup de soin. La bande son toute en douceur n'a plus qu'à se poser sur les images pour réaliser un mariage parfait.
Ici c'est Charlie Kaufman, scénariste du décalé Dans la peau de John Malkovich qui se glisse derrière le scénario et la caméra, accompagné de Duke Johnson ils nous plongent dans cette aventure qui a eu du mal à voir le jour, c'est un projet qui remonte à plusieurs années, mais en 2012 grâce à des donations, ils ont pu faire passer leur projet de 40 minutes à 90, et ça en valait la peine.
Après un travail de titan, et oui quand même 118 089 photographies prises pour réaliser ce petit film, nous avons pu avoir droit à cette rencontre, dans cet hôtel, LA rencontre, du moins on croyait.
Michael Stone, auteur réputé se rend à Cincinnati pour participer à un congrès, il compte en finir le plus vite possible avec cette présentation et retourner chez lui le lendemain matin, sa soirée est comme toutes les autres, tristounette et fade, l'homme n'a plus foi en rien, à tel point que les gens qui l'entourent ont le même visage et la même voix, que ce soit femme ou homme. Il tente tout de même de joindre une ancienne conquête qu'il a abandonnée voilà bien des années, mais rien y fait, le charme n'est plus, alors quand soudain dans le couloir menant à sa chambre il entend une voix féminine, douce et nouvelle, il ne peut manquer cette occasion et court pour dénicher la personne au bout. Ainsi il rencontre Lisa, petite femme rondelette avec une cicatrice près de l’œil, en apparence pas des plus attirante, mais on s'en fout, Michael s'en fout, avec elle il se sent bien, mieux, bien mieux, mais pour combien de temps ?
Le génialissime David Thewlis se glisse dans les cordes vocales de ce monsieur Stone, alors que pour la timide Lisa, c'est la huitième saloparde Jennifer Jason Leigh qui s'en chargera, Tom Noonan quant à lui s'occupe de tous les autres personnages.
Il s'agit donc là d'une aventure qui certes dans l'idée n'est pas inédite, mais qui grâce à cette technique visuelle le devient, on est touché, ému, en joie, et même tout sourire lors de séquences humoristiques sans grosseurs. Un pari fou qui marche complètement, de plus rien est épargné, on est pas là pour voir bouger deux marionnettes dans une chambre, on ne manquera donc pas de voir une scène de sexe des plus crédible, limite excitante. C'est une aventure humaine, tout aussi touchante que triste, tout aussi belle que drôle, mais cruellement réaliste, nul effets spectaculaires ici, il est rare qu'un film d'animation s'attarde sur une aventure réaliste, à tel point qu'on passe quasiment 20 bonnes minutes dans la chambre d’hôtel avec Michael seul.
En bref, clairement pas déçu par cette recherche de vie, ce manque de vie, malgré le fait qu'il faille s'adapter un peu aux visages volontairement laissés coupés en deux pour garder l'impression de poupée, le tout est magnifiquement assemblé, j'aurais juste voulu un peu plus de décors différents au vue de la beauté du travail, mais bon, une prochaine fois peut être, je l'espère en tout cas.
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Créée
le 22 mars 2016
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7 j'aime
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