Another Happy Day par Maqroll
Le premier film de Sam Levinson est une œuvre sincère et dure, mettant en scène une société américaine arrivée au bout d’elle-même et incapable de se remettre en question pour retrouver grâce et dignité. L’événement prétexte est celui du mariage du fils de la famille décomposée formée à l’origine par Lynn (méritante Ellen Barkin) et Paul (Thomas Haden Church en demi-teinte). Mais le relief de ces sanglantes scènes familiales est fourni par le fils du deuxième lit, Elliot (Ezra Miler, hallucinant de justesse) et Demi Moore, plu séduisante que jamais dans un rôle de belle-mère antipathique et pathétique. Tout ce petit monde se croise et se meurtrit à coups de phrases assassines reposant sur des souvenirs du passé, ce passé mort à tout jamais et que rien en pourra jamais faire revivre. C’est finalement dans le personnage d’Alice (Kate Bosworth, parfaite), la sœur du marié, meurtrie mais debout que tiendra tout l’équilibre de cette fragile construction. La mise en scène de Levinson est foisonnante et ambitieuse mais elle est un peu desservie par un propos déjà entendu trop souvent dans les réalisations américaines de ces dernières années. Les images sont très belles, surtout celles de la fin qui viennent célébrer la victoire de la nature sur la folie des hommes… Amen.