Il y a quelques jours, comme tout bon admirateur (et détesteur, ça existe le mot détesteur ?) de Lars von Trier, j'ai vu Antichrist. Et je vais bien.

Je vais même très bien.

Je vais même très très bien.

En fait je vais tellement bien que je vais pas bien parce que je suis hyper énervé.

Antichrist raconte l'histoire d'un couple qui perd son enfant par manque de surveillance alors qu'il faisait l'amour. Le mari psychologue fait très vite le deuil (ou alors le cache merveilleusement bien) et va essayer de permettre à sa femme de le faire elle aussi (parce qu'elle l'a vraiment pas fait elle mais genre vraiment pas genre elle se fait du mal et tout 3 mois à l'hôpital en moitié coma ohlala Charlotte Gainsbourg joue tellement bien). Pour ce faire, le couple ira s'isoler dans une forêt pleine de souvenirs pour affronter ses peurs et traverser cette dure épreuve, non pas sans souffrance.

Et donc voilà, oui, il va y en avoir de la souffrance, et sous toutes les formes possibles. Physique, morale, animale, végétale, avec du sang, des larmes et du sexe, beaucoup de chaque.

Et le problème se pose au mot "physique" (enfin, pour vous, moi je n'ai aucun problème avec le film, j'ai justement un problème avec vous qui avez un problème avec le film). On assiste à des choses visuellement perturbantes, et apparemment vous n'avez retenu que ça. Je parle bien sûr des deux choses dont tout le monde parle dans ses critiques :
SPOILER ALERT
L'éjaculation de sang et le clitoris coupé au ciseau.
/SPOILER ALERT

Soyons bien clairs. Ces deux scènes se passent dans la dernière partie du film, tout d'abord. Elles ne représentent en rien la totalité de l’œuvre qui a une multitude de sens cachés ou non, en plus de ses qualités esthétiques et scénaristiques. Mais ces deux scènes ont quand même un rapport avec le sens du film, surtout la deuxième, et si vous pensez qu'elles étaient inutiles, vous n'avez rien compris au film. Désolé. :/ Je peux comprendre hein si vous êtes un peu limité. :/ :/ :/

Bref. Finies les élucubrations (mot compte triple) inutiles et passons aux choses sérieuses. Certaines autres personnes ont aussi dit qu'il y avait trop de sexe, ou que la vue d'un pénis ou d'un vagin les mettait dans tous leurs états allant du "bah" au vomi sur les murs en passant par le détournement de regard. Un seule question : Pourquoi ?

Pourquoi pour vous spectateurs, le sexe est quelque chose qui vous choque ? Pourquoi est-il tabou de montrer du sexe au cinéma (ou dans tout autre média) ? Pourquoi vous vous fermez sur vous-même quand vous voyez le point de vue de Lars von Trier sur cette caractéristique de l'être humain ?

Car oui, le sexe est une caractéristique de l'être humain, le sexe est à la base de l'être humain. Le sexe c'est notre nature, notre côté animal, notre instinct primaire qui s'oppose en permanence à notre culture, notre éducation. Le sexe c'est notre ça contre notre surmoi. Le sexe était déjà là pendant la préhistoire, sinon nous ne serions pas là aujourd'hui. Le sexe fait partie de notre vie et il n'y a rien de choquant dessus, ce sont les règles dictées par je ne sais plus trop qui depuis des siècles qui l'ont rendu choquant. Putain de merde, le sexe c'est naturel.
Alors oui, le sexe c'est intime. Mais un film n'est-il pas intime lui aussi ? Ne rentre-t-on pas entièrement dans la vie des personnages à l'écran ? Si l'on voit et si l'on ressent leurs émotions, pourquoi ne pourrait-on pas aussi voir ce qui est le plus humain chez eux ? Et cela ne vaut pas que pour les films de Lars von Trier, cela vaut pour tous les films du monde. Non, cela vaut pour tout dans la vie.

Ou alors peut-être que le problème est autre part. Peut-être que ce refus de voir le point de vue du réalisateur comme un point de vue valable, et donc de penser que ce n'est que de la provocation, est le vrai problème. Auquel cas ouvrez vos yeux sur le monde autour de nous. Les personnages de Lars von Trier sont toujours des personnages dérangés et névrosés, des représentations extrêmes des problèmes de l'Homme, mais ils sont bien réels pour autant. Les pulsions sexuelles sont toujours justifiées : le sexe guérit, ou détruit, mais il fait partie intégrante de l'évolution d'une maladie aussi poussée que celle de la femme de ce film. Et c'est possible d'être aussi perturbé sexuellement que cette femme complètement perdue. Elle s'abandonne à son animalité parce qu'elle ne peut plus tenir le reste, elle revient à ce qu'il y a de plus simple et primaire chez elle. Je ne dirai pas "je l'ai vu de mes propres yeux" parce que 1) c'est faux et 2) ça vous ferait quand même super peur bordel. Non, je vous dirai plutôt "c'est prouvé" : la base de la psychanalyse, c'est Freud, la base de la psychanalyse de Freud, c'est le sexe.

Ouais vas-y essaie de contredire Freud vas-y.

Pour en revenir au film en lui-même, Lars von Trier ne s'est pas foulé. Il n'est pas allé au bout de ses dialogues et n'a pas usé d'une mise en scène aussi médicalement parfaite que ses autres films. Certes, certains plans sont incroyables (les plans discrètement déformés, wooow), le prologue et l'épilogue sont des leçons de cinéma, et il y a (je crois) une espèce de sens caché, de réflexions à mener après le générique, il me semble même avoir compris quelque chose de différent que la plupart des personnes qui ont vu le film. D'ailleurs si vous voulez débattre sur ce film là ou sur ce que je dis sur le sexe, agressez moi par MP. Mais voilà, il manque quelque chose qui aurait fait d'Antichrist un grand film, qui m'aurait bouleversé. Je ne le recommande même pas, il n'est vraiment pas indispensable : pas choquant (OUI PAS CHOQUANT), un peu trop long et parfois ennuyeux pendant quelques minutes, le sujet est intéressant mais aurait mérité un traitement plus profond... Reste le jeu d'acteur époustouflant, mais on le sait tous déjà.

Je ne sais pas comment conclure.
Est-ce que la grêle ça a un rapport avec les étoiles de la constellation des trois mendiants ?
Voilà.

PS : j'écris que des pamphlets coups de gueule à la place de vraies critiques sur ce site, mais vous avez qu'à arrêter d'être des connards aussi, c'est pas ma faute. ♥

PPS : Quand Antichrist est sorti, Lars von Trier était en dépression et ce film était son médicament pour en sortir. Il l'a écrit pour faire partir ses démons de sa tête. Il faut le savoir. Et le film aurait sûrement été meilleur s'il n'avait pas été malade, moins impulsif et plus réfléchi je pense, parce que bon des gens tous nus ensanglantés c'est cool mais si y avait eu une souffrance morale mieux exploitée j'aurais encore plus aimé. J'ai l'air d'être quelqu'un de perturbé ou...?
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2014, le cinéma est beau. Mais seulement jusqu'à la sortie de Fiston.

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le 11 janv. 2014

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