Angoissantes apparences ...
Premier court-métrage officiel de Kevin Muller, "Apparence" s'avère convaincant et assez énigmatique.
Pas forcément radical dans ce qu'il propose, ce premier court possède malgré tout de même des éléments qui lui confèrent beaucoup de convictions. Notamment en terme de mise en scène, influencée par certains éléments de celle de James Wan, cette dernière fonctionne parfaitement et immisce le spectateur au cour de cette histoire. Les choix des cadres sont très intéressants, notamment ceux qui visent à traduire les émotions des protagonistes. Ce sont des artifices simples mais efficaces, pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour renforcer l'impression d'angoisse ou d'emprisonnement des personnages, délimiter le cadre par un simple encadrement de porte suffit. Non seulement c'est une économie de plans, donc une manière habile de travailler quand on sait à quel point c'est dur de réaliser son premier court-métrage avec un budget limité, mais en plus ces choix judicieux remplissent parfaitement leur fonction puisque l'ambiance général de ce court-métrage provoque les effets escomptés.
Évidemment en terme d'écriture dans un court-métrage, il n'est pas facile de pouvoir développer l'intrigue tout en gardant de l'intensité, surtout quand l'intrigue en question est plus ou moins "complexe", ce qui est le cas ici. C'est pourquoi quelques petits éléments de narration sont assez grossiers par moment. Néanmoins ils fonctionnent car nous sommes ici dans un format court, cela serait bien différent dans un long-métrage. L'histoire quant à elle s'avère prenante, le twist final paraît évident seulement lors des dernières scènes, et c'est ce qu'il fallait. D'ailleurs le rythme du film est bon, il est habilement dosé et laisse ce qu'il faut de place à la mise en abîme, mais aussi à la caractérisation des protagonistes. Un petit faux-raccord est assez visible cependant, mais il ne vient pas gêner la vision du film.
Concernant les deux acteurs principaux, Nina Despres se révèle très juste dans son interprétation, hormis peut-être une scène où le sur-jeu n'est pas loin, sa composition s'avère très convaincante et l'actrice devient finalement assez captivante. Une très bonne surprise. Malheureusement on ne peut pas vraiment en dire autant de Kim Tassel. Son personnage a beau être attachant, l'acteur même si il livre une prestation plus ou moins correcte, se révèle bien trop en sur-jeu, notamment au début. C'est dommage car l'acteur possède une vraie prestance physique, un charisme et visiblement une sensibilité. Le format du court-métrage n'est peut-être pas adapté pour lui, alors qu'un long-métrage lui permettrait sûrement d'approfondir la psychologie de son personnage, et donc son jeu également, plus en nuances.
Dernier point sur la musique qui vient magnifiquement sublimer l'ensemble sans être trop présente, elle traduit les émotions des personnages et vient aussi apporter ce qu'il faut de lourdeur à la mise en scène.
Alors somme toute, c'est ici un premier essai tout à fait convaincant. Référencé certes, mais une patte plus personnelle de la part de Kevin Muller se révèle, et c'est important. On l'attend désormais dans un registre différent, car son travail sur l'intimité des personnages dans "Apparence" est au final très intéressant et convaincant.