Impossible d’estimer que ce film puisse-t-être une réussite ou une fierté par ceux qui ont enfanté ce monstre plastique. Abandonné dès la naissance dans un univers constellé de mutants, d’hommes en armures et en collant, Aquaman arrive bien trop tard avec les (déjà) stigmates des vieux démons du passé.
Aquaman, le prince légitime au trône d’Atlantide né sur la terre ferme est amené contre son gré à prendre le trône tenu par son frère qui veut faire gueguerre contre les néchants Terrien. Ce serait inutile de divulguer la fin car tout le monde la connait déjà tant la trame ne dépasse pas la quantité de cocaïne ingurgitée par les équipes du film : la ligne et demi.
Grand seigneur, le film nous fera plutôt hériter de l’humour gras, de la passion vendue au kilo coupée à la corde d’orchestre symphonique et de l’héroïsme patriarcal qui ne parle plus à personne si ce n’est notre oncle des fêtes de Noël. En somme, plus de 2h20 d’une musique que tout le monde connait par cœur et qui se permet même de jouer à contretemps à la moindre tentative de blague de Jason Momoa (Aquaman).
Heureusement une bonne grosse poignée de CGI renforcées par des duels proprement chorégraphiés nous font oublier une fois toutes les demi-heures la paresse dans l’écriture des personnages et de l’histoire si tant est qu’il y en ait finalement eu une. Plus grand symptôme de cette maladie incurable qu’est le blockbuster démodé, si bien incarné par Aquaman, la répétition infatigable du triptyque : un nouvel objectif court-termiste qui se dévoile miraculeusement par une pirouette scénaristique, une scène de dialogue frisant le ridicule engrossé par les blagues vaseuses interrompues systématiquement par une explosion et une scène d’action qui nous éclabouse au visage pour nous faire vite oublier les deux douloureuses épreuves précédentes. Preuve que même parmi les équipes techniques, tout le monde fait une overdose de ces scènes aseptisées.
Nous sommes au plus bas et pourtant, le fond des tréfonds marin se creuse encore davantage dans ce tohu-bohu de choc de tridents, de méchants pirates à la tête de mouche, de gun plasma-pipot et de balrogs-kraken sortis du chapeau.
On se demande finalement si les écuries DC parviendront enfin à sortir un pur-sang et pas un hippocampe blafard sur-maquillé par ses couches d’effets spéciaux qui au mieux trompe notre ennuie pendant 202 minutes. Tout comme notre oncle pendant Noël finalement...