Alors que Wonder Woman donnait de bons espoirs quant à l’avenir du DCEU, Justice League et sa production chaotique ont tout fait exploser en l’air. Le résultat ne s’est pas fait attendre, puis plusieurs projets ont depuis été reporté ou annulé et les refontes en cascades se sont succédées pour maintenir le bateau à flot. Et pendant ce temps, Aquaman, le héros ridiculisé par tous, poursuivait tranquillement sa production entre les mains de James Wan. Le film est sorti depuis un peu moins d’un mois, et si les avis sont plutôt mitigés globalement, le film se présente comme le premier carton planétaire de DC depuis l’ère de Nolan… Qui l’eut crut il y a encore 3 ans ? Et qu’en est-il réellement ?
Ben je ne vais pas mentir, je me suis régalé. Je me suis régalé parce que le film est sans complexe, parce que le film propose une histoire qui m’a accroché à mon fauteuil du début à la fin, parce que s’il est bourré de clichés et de stéréotypes, le film réussit à maintenir un équilibre assez rare entre action, humour, divertissement, épique, personnages. Le film n’est pas le meilleur du DCEU, mais il est loin, très loin, des égarements qu’il y a eu depuis ces dernières années. Le film réussit ce que Justice League a échoué de faire : rester cohérent dans la logique narrative de l’univers développé dans Man of Steel, tout en prenant une nouvelle direction quant aux tons et aux thématiques. Après oui, c’est vrai que ça ne va pas chercher très loin, mais là où le film fait fort, c’est que comme Wonder Woman, il se recentre sur son personnage.
Parce que oui, si le film porte le nom de son alter-ego, Arthur Curry est bien le personnage central de cette histoire. Et le film propose une origin story qui réussit là où beaucoup ont échoué. Car elle reste très simple et très classique, mais aussi reste très fidèle à l’esprit du personnage dans les comicbooks tout en proposant un cheminement logique au sein de l’univers déjà en place. Je ne vais pas revenir sur chaque élément du film, mais l’idée est là : on s’attache au personnage et on a envie de le suivre et de le soutenir. Si le film n’hésite pas à se moquer un peu du classique « pouvoir de parler aux poissons », il n’oublie pas non plus de nous montrer quel héros est réellement Aquaman et pourquoi il a tout autant d’importance dans l’univers DC que les autres cadors.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé tout ce qui a été développé autour d’Atlantis. On s’éloigne un peu des comicbooks du coup, mais on reste dans quelque chose de très cohérent et fidèle à l’esprit du matériau de base. Je pense aux différents royaumes qui composent l’Atlantide, leurs relations, leurs évolutions au cours du temps… C’est passionnant et en même temps on n’est pas assommé par toutes les informations d’un coup. Ça donne presque un côté un peu Dune par moment, dans la façon dont s’est mis en place (mais bon, ça reste très superficiel comme comparaison, hein). On y retrouvera d’ailleurs un peu de fantasy dans ce film, en plus de l’aventure et de la science-fiction, et on ira même piocher du côté de Jules Verne et de Lovecraft. C’est d’ailleurs ce mélange qui donne au film une saveur si particulière.
Et si le personnage d’Aquaman est fidèle à l’esprit du personnage, il en est de même pour les personnages secondaires. Alors certes, le fait
que les deux parents d’Arthur soient toujours en vie (parce que bon, Atlanea, on s’en doute assez vite de ce qui lui est arrivé)
est particulier en soit et distingue du coup le film de ses équivalents ; le reste est quand même bien fidèle. Je pense notamment à Orm, et son obsession de la Surface, cette haine qui le dévore et le pousse aux extrémités les plus abjectes, ce qui en fait un méchant très classique mais au final très efficace dans le film. On retrouve Vulko, qui n’est pas le personnage que je connais le mieux mais reste dans l’esprit que j’en avais. On peut aussi citer Black Manta… J’étais d’ailleurs un peu inquiet de comment le film allait gérer les deux principaux antagonistes du catalogue dès le premier film, et je dois admettre que je suis globalement satisfait. J’ai beaucoup aimé que même s’il n’est qu’un personnage secondaire, on est eu droit à l’origin story de Black Manta aussi, ce qui pose les bases de sont interaction avec Arthur à l’avenir. Et les différentes confrontations étaient vraiment très intenses, j’ai hâte de voir ce que la suite va nous proposer (surtout si le projet Injustice League se concrétise).
Et puis il y a bien sûr Mera, Mera qui est toujours aussi bad-ass. J’ai beaucoup apprécié la façon dont le personnage a été traitée, car le personnage de base dans les comicbook a un caractère très particulier, et on le retrouve bien dans le film. À cela s’ajoute qu’on retrouve bien l’idée de l’amie/conseillère d’Arthur, mais également celle qui le bouge un peu. D’ailleurs, le fait qu’on débute là-aussi au début de leur relation n’est pas étranger à la dynamique qui les anime tout au long du film. Alors certes, la romance même est peut-être un peu poussive (surtout dans le final, où on verse en plein cliché), mais au-delà de ça c’est vraiment leur complicité qui se construit peu à peu qui ressort à l’écran. J’ai beaucoup aimé le traitement du personnage, car même si elle n’est pas dans mes préférés, je l’apprécie beaucoup à la base.
Le casting reflètera d’ailleurs cette impression. Oui, Jason Momoa vient juste de tuer le jeu avec son interprétation d’Aquaman, qu’on ne verra plus jamais de la même façon. À l’image de Gal Gadot avec Diana, il incarne parfaitement une version fidèle mais moderne du personnage d’Arthur, et son humour fait mouche à chaque fois. Si le personnage m’a beaucoup plus, je dois admettre que j’ai été moins fan d’Amber Heard… Elle fait plutôt un bon taff dans l’ensemble, mais elle est bien aidée par l’écriture de son personnage. Idem pour Patrick Wilson d’ailleurs. Willem Dafoe propose un jeu pour le moins étrange et intéressant de sa part, il sort de sa zone de confort, ça fait quand même très bizarre. Nicole Kidman fait là-aussi un taff plus que correct. Très satisfait en revanche de Yahya Abdul-Mateen II, et j’ai vraiment hâte de voir ce qu’ils nous réservent pour la suite avec Black Manta.
Techniquement… Le film est un véritable déluge de toute part. La musique de Rupert Gregson-Williams reste très classique dans le thème super-héroïque, mais tout comme pour Wonder Woman, il réussit à capter l’essence du personnage. Le thème d’Arthur est vraiment super entraînant et inspirant, mais ceux d’Atlantis, de Black Manta (bien que très classique), ou lors du duel final le sont tout autant. Les décors sont juste fabuleux, que ce soit les décors sous-marins riches et fourmillant de détail ou ceux à la surface, qui paraissent beaucoup plus fade du coup, créant un véritable décalage entre les deux univers. Les effets spéciaux sont spectaculaires et incroyables, que ce soit pour les décors ou lors de la bataille finale, une des plus épique que j’ai pu voir. Le troisième acte est d’ailleurs extrêmement bien lisible et réalisé, comparé aux précédents films du DCEU. Un petit passage pour dire que j’ai beaucoup aimé les costumes aussi, très fidèle aux comicbooks là aussi (et du coup extrêmement moulant pour Mera, au point qu’on sent que Heard n’est pas très à l’aise dedans).
Et la mise en scène… un pur régal. Que ce soit les scènes de batailles, à la dimension épique, ou les combats extrêmement intenses et fluides. Le film commence très fort à ce sujet d’ailleurs, mais James Wan continuera à mélanger plans-séquence et mouvements aériens, comme pour illustrer un style de combat propre aux Atlantes, qu’ils soient sur terre ou sous l’eau. Et puis le nombre de plans iconiques dans ce film :
le duel final en regorge plein, mais l’icônisation d’Aquaman vers la fin, la plongée dans la « Trench » (en IMAX, c’est juste incroyable), la bataille finale, l’arrivée de Black Manta, le combat en Sicile, l’arrivée à Atlantis.
On retrouve un peu la patte de Snyder d’ailleurs ici ou là, et c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié pour la cohérence globale de l’univers. Sans doute le film de super-héros qui m’aura le plus marqué à ce niveau, et certaines des meilleures scènes d’action de ces dernières années dans le genre. Je vais sans doute me faire rembarre, mais visuellement, Aquaman m’a beaucoup plus transcendé que Black Panther, Infinity War, Ragnarok ou Justice League dernièrement.
Bref, Aquaman fut un immense soulagement pour moi. Le héros le plus casse-gueule s’avère être celui qui propose le film qui redonne fois en la suite de l’univers. Il n’est pas parfait, il est bourré de stéréotypes vus et archisrevus, ce qui fait qu’il est très prévisible au final. Mais l’ensemble s’emboîte si bien que le film fonctionne à merveille. On se régale, on vit une aventure exaltante, on s’attache aux personnages, on rit, on est ébloui… Bref, un film qui n’oublie pas son support d’origine et qui l’adapte à merveille au cinéma tout en l’intégrant dans un contexte moderne et à l’univers dans lequel il s’inscrit.