Il y a des films qui partent d'une belle idée, avec les meilleurs intentions du monde, et "Arizona" fait partie de ceux-là : une comédie grinçante utilisant le contexte des conséquences de la crise des subprimes qui a frappé une partie de la population américaine. Ici, l'action se déroule en 2009 dans un des nombreux lotissements immobiliers construits dans le désert à la périphérie de la ville de Phoenix avant que la bulle financière éclate et entraîne la saisie de ces biens immobiliers pour la majorité de leurs propriétaires ne pouvant rembourser leurs crédits. Désormais presque vidés de la plupart de leurs habitants, ces parcs immobiliers voient leurs derniers résidents tenter de survivre au milieu leurs dettes en attendant un avenir meilleur et en maudissant leurs banquiers ou agents d'immobiliers de leur avoir proposé cette fausse opportunité. C'est d'ailleurs le cas de Sonny (Danny McBride) qui décide de venir en découdre avec le patron d'une agence immobilière (Seth Rogen) l'ayant entraîné dans ce cauchemar financier mais la confrontation dégénère de manière dramatique. Pris de panique, Sonny décide d'enlever Cassie (Rosemarie DeWitt), la collègue de sa victime et seule témoin de ses agissements...
Un bon point de départ pour une comédie noire, certes, mais qui va en rester bizarrement là pendant la majeure et courte durée de "Arizona", comme si tout le petit monde derrière le film avait imaginé ce postulat sans penser à la suite à lui donner derrière. Évidemment, l'engrenage meurtrier que va provoquer un Sonny de plus en plus mentalement instable va prendre des proportions folles et engendrer pas mal de victimes dans son sillage mais cette folie va se révéler finalement très pauvre à l'écran. "Arizona" ne parvient pratiquement jamais à trouver le ton juste pour conjuguer l'humour noir et la menace sérieuse représentée par Sonny pour Cassie. Et, comme, même pris séparément, rien ne marche réellement sur ces deux aspects (on ne sourit que très rarement et la spirale meurtrière manque vraiment d'originalité), on se retrouve curieusement à s'ennuyer devant quelque chose qui ne semble jamais savoir où aller. Seuls l'utilisation du contexte économique impactant plus ou moins tous les personnages (la manière de le souligner n'est cependant pas très subtile) et la sympathie que l'on peut avoir pour le casting (comment résister à un Danny McBride au visage cramé et aux boucles blondes ?) rendent le visionnage de "Arizona" moins désertique que ses décors... Le dernier acte bizarrement très réussi va cependant créer la surprise.
En effet, à vingt minutes de sa conclusion (dès que certains personnages rejoignent l'action en gros), le film se met enfin à trouver un bon équilibre entre le décalage de ses situations absurdes et la réalité de la violence de son antagoniste. Les vannes notamment visuelles fonctionnent franchement bien et Sonny n'aura jamais autant représenté une vraie menace pour ses potentielles victimes. Ce qui se passe soudainement à l'écran se révèle plutôt bon mais hélas très court et on ne peut que regretter que "Arizona" n'ait pas réussi à tirer profit de son mélange des genres bien plus tôt.
Car, même si ce dernier acte a relevé le niveau de notre intérêt pour le film, il est impossible d'oublier l'ennui dans lequel il nous a plongé la majeure partie du temps...