Ce film d'Olivier Peyon est l'adaptation cinématographique du roman autobiograhique éponyme écrit en 2017 par Philippe Besson, devenu l'un des écrivains gays français majeurs. (Ce roman faisant partie d'une trilogie autobiographique dont les autres volets sont Un certain Paul Darrigrand et Dîner à Montréal).
Oliver Peyon met en scène le célèbre romancier homosexuel Stéphane Belmont qui revient, pour la première fois depuis 35 ans, sur ses terres de Charente, invité pour le bicentenaire d'une grande marque de Cognac, à la faveur de la sortie de sa dernière nouvelle "Terre Ambrée". Invité d'honneur, le romancier est attendu pour une allocution lors de la grande soirée anniversaire...
A peine arrivé sur place, Stéphane Belmont rencontre par hasard Lucas Andrieu, employé de la célèbre marque de Cognac aux Etats-Unis, et qu'il reconnaît comme étant le fils de son grand amour de jeunesse, Thomas, alors qu'ils avaient 17 ans... A cette époque, en 1984, la déclaration de son homosexualité n'était pas du tout évidente, d'autant moins quand on ne l'assume pas !
Dès lors les souvenirs de Stéphane Belmont affluent et le film nous offre en parallèle l'histoire d'amour inachevée de Stéphane et Thomas il y a si longtemps, et les échanges d'abord difficiles au présent entre Stéphane et Lucas, essayant tous les deux de comprendre ce qu'a vécu Thomas depuis toutes ces années et ce qu'il est devenu...
L'enchevêtrement et le montage des scènes entre les deux époques est particulièrement bien fait et avec fluidité; le réalisateur nous montre ainsi avec efficacité les émotions grandissantes ressenties par le Stéphane Belmont actuel à la découverte de la vérité intime, poignante et tragique, le tout sans pathos. Nous avons en outre droit à des scènes très belles en pleine nature au bord d'un lac d'un bleu profond et la musique du film est splendide.
Le film est porté quatre acteurs principaux remarquables :
- Tout d'abord le couple de jeunes amoureux de 1984 est composé de Jérémy Gillet (jouant excellement et avec de manière touchante Stéphane Belmont, très à l'aise avec son homosexualité) et Julien De Saint Jean (jouant parfaitement le rôle ingrat de Thomas Andrieu, homosexuel non assumé, faisant bien sentir son malaise par un comportement brutal et presque honteux avec Stéphane).
- Et puis le duo actuel Guillaume de Tonquédec (très investi dans le rôle de Stéphane Belmont, jouant avec profondeur et nous délivrant une belle palette de sentiments tout au long du film) et Victor Belmondo (le petit-fils de Bébel déjà expérimenté à 29 ans, étonnant de maturité dans ce rôle avec sa capacité de répartie et de réflexion dans ses échanges avec Stéphane Belmont à propos de son père Thomas).
Entre eux deux, Guilaine Londez (Gaëlle, la responsable de l'événement bicentenaire) semble un peu perdue et n'est pas à la hauteur de la qualité du film... Un autre regret : le peu de ressemblance entre Jérémy Gillet et Guillaume de Tonquedec, les deux Stéphane Belmont...
Arrête avec tes mensonges, c'est ce que disait sa mère à Philippe Besson signifiant Arrête avec tes histoires... C'est une chose de pouvoir mentir dans une fiction, c'en est une autre dans un roman auto-biographique, quand on veut délivrer une vérité intime...
Olivier Peyon réussit parfaitement à reprendre cette dualité dans le film, et notamment par l'allocution pour la soirée du bicentenaire. Ré-écrite 100 fois par l'écrivain Stéphane Belmont en manque d'inspiration, il réussit finalement à délivrer LA vérité sur son histoire d'amour de jeunesse, interprétée de manière poignante, avec sensibilité, tendresse et émotion par Guillaume de Tonquédec !!