Arrietty - Le Petit monde des Chapardeurs par Herma
Arrietty est la nouvelle petite merveille des studios Ghibli. La bande-annonce présente des images comme toujours extraordinaires, avec des dessins précis, beaux, et une musique entraînante, qui reste dans la tête, tout ça donnant envie de voir le film tout de suite, pour en voir plus, au lieu de celui que vous êtes effectivement venus voir.
Arrietty na pas été réalisé par Miyazaki, bien qu'il ait eu l'idée originale d'adapter (encore), un conte écrit par une romancière anglaise, participé à l'écriture du scénario et à la conception générale du film. Il a passé le flambeau, et, malgré des attentes hautes et une tendance à toujours vouloir trouver des erreurs impardonnables, Yonebayashi s'en sort bien. Très bien même.
La magie est toujours là. L'arrivée de Sho en voiture rappelle le début du Voyage de Chihiro, et c'est grâce à lui qu'on entre de plein pieds dans le petit monde des chapardeurs. Les images sont absolument magnifiques, le dessin toujours aussi précis, détaillé, plein de couleurs et de poésie. Contrairement aux autres films du studio Ghibli, on ne quitte pas l'enceinte de la maison et de son jardin, on ne découvre pas de grands beaux paysages extérieurs. L'exploration et le voyage se fait à l'intérieur même de la maison, dans ses entrailles, et on découvre comment les petites personnes se sont adaptées et se sont construit un monde à l'intérieur d'un autre monde, comment ils utilisent les créations humaines pour mieux vivre.
Les personnages sont riches, émouvants, et, pour la plupart, adorablement sympathiques. La "méchante" du film est plus drôle qu'effrayante, elle n'est pas mauvaise, juste bornée, et c'est un délice de la voir tout au long du film se faire berner par les chapardeurs et leur complice humain de 9 ans. Ses actions ne sont d'ailleurs qu'un petit ressort du film, la vraie histoire étant celle des chapardeurs, la manière dont ils s'y prennent pour survivre, les dangers qui les menacent, la façon dont ils perçoivent les hommes et le monde extérieur, et comment un lien sera créé entre Arrietty et un jeune garçon malade, qui, par ce fait, est plus ouvert et patient que les autres.
Malheureusement, le personnage de la mère, complètement hystérique, rompt l'harmonie du film et agace bien plus qu'il n'amuse. Sa présence dans certaines scènes les rendent bien plus lourdes que nécessaires, et gâche par moment la légèreté presque aérienne crée par le reste.
La musique aide à mettre en place une ambiance douce, légère, et souligne par son caractère joyeux tout l'humour qui se dégage du film. La chanson qui ouvre le film est peut-être un peu trop lourde pour la scène qu'elle accompagne, mais on oublie bientôt ce désagrément pour se plonger dans les images qui nous sont offertes. La musique n'est pas aussi bonne que celle du Mononoké ou Chihiro, et elle ne vaut pas la peine d'être écoutée seule, mais elle remplit son rôle, et la chanson du générique, comme d'habitude chez Ghibli, reste dans la tête bien après la fin du film, et contribue à la bonne humeur ressentie à la sortie de la salle.
Arrietty n'est pas aussi grave que les meilleurs Miyazaki, mais la poésie des films Ghibli est toujours là, l'humour aussi, et les images sont tellement belles qu'on a du mal à accepter que le film s'arrête.