(Ajout 23/10/20: belle compilations d'extraits sur vimeo (j'aime le monologue de Vaneck à partir de la 33e minute, violent mais émouvant à la fois ...c'est suivi de ce monologue d'Arditi, bon son)
(Le spectacle a été ajouté après le livre =====> http://www.senscritique.com/livre/Art/critique/76159492 )
Yvan:
["Alors dramatique, problème insoluble, dramatique, les deux belles-mères veulent figurer sur le carton d’invitation. Catherine adore sa belle-mère qui l’a quasiment élevé, elle la veut sur le carton, elle la veut, la belle-mère n’envisage pas, et c’est
normal la mère est morte, de ne pas figurer à côté du père, moi je hais la mienne, il est hors de question que ma belle-mère figure sur le carton, mon père ne veut pas y être si elle n’y est pas, à moins que la belle-mère de Catherine n’y soit pas non
plus, ce qui est rigoureusement impossible, j’ai suggéré qu’aucun parent n’y soit, après tout, nous n’avons plus vingt ans,
nous pouvons présenter notre union et inviter les gens nous-mêmes, Catherine a hurlé, arguant que c’était une gifle pour
ses parents qui payaient, prix d’or, la réception, et spécifiquement pour sa belle-mère qui s’était donné tant de mal alors
qu’elle n’était même pas sa fille, je finis par me laisser convaincre, totalement contre mon gré mais par épuisement,
j’accepte donc que ma belle-mère que je hais, qui est une salope, figure sur le carton, je téléphone à ma mère pour la
prévenir, je lui dis maman, j’ai tout fait pour éviter ça mais nous ne pouvons pas faire autrement, Yvonne doit figurer sur le
carton, elle me répond si Yvonne figure sur le carton, je ne veux pas y être, je lui dis maman, je t’en supplie, n’envenime pas
les choses, elle me dit comment oses-tu me proposer que mon nom flotte, solitaire, sur le papier, comme celui d’une femme
abandonnée, au-dessous de celui d’Yvonne solidement amarré au patronyme de ton père, je lui dis maman, mes amis
m’attendent, je vais raccrocher, nous parlerons de tout ça demain à tête reposé, elle me dit et pourquoi je suis toujours la
dernière roue du carrosse, comment ça maman, tu n’es pas la dernière roue du carrosse, bien sûr que si, quand tu me dis
n’envenime pas les choses, ça veut dire que les choses sont déjà là, tout s’organise sans moi, tout se trame derrière mon
dos, la brave Huguette doit dire amen à tout et j’ajoute, me dit-elle – le clou - , pour un évènement dont je n’ai pas encore
saisi l’urgence, maman, des amis m’attendent, oui, oui, tu as toujours mieux à faire tout est plus important que moi, au
revoir, elle raccroche, Catherine, qui était à côté de moi, mais qui ne l’avait pas entendue, me dit, qu’est-ce qu’elle a dit, je
lui dit elle ne veut pas être sur le carton avec Yvonne, et c’est normal, je ne parle pas de ça, qu’est-ce qu’elle a dit sur le
mariage, rien, tu mens, mais non Cathy je te jure, elle ne veut pas être sur le carton avec Yvonne, rappelle-la et dis-lui que
quand on marie son fils, on met son amour-propre de côté, tu pourrais dire la même chose à ta belle-mère, ça n’a rien à
voir, s’écrie Catherine, c’est moi, moi qui tiens absolument à sa présence, pas elle, la pauvre, la délicatesse même, si elle
savait les problèmes que ça engendre, elle me supplierait de ne pas être sur le carton, rappelle ta mère, je la rappelle, en
surtension, Catherine à l’écouteur, Yvan, me dit ma mère, tu as jusqu’à présent mené ta barque de la manière la plus
chaotique qui soit et parce que, subitement, tu entreprends de développer une activité conjugale, je me trouve dans
l’obligation de passer un après-midi et une soirée avec ton père, un homme que je n’ai pas revu depuis dix-sept ans et à qui
je ne comptais pas exposer mes bajoues et mon embonpoint, et avec Yvonne qui, je te le signale en passant, a trouvé le
moyen, je l’ai su par Félix Perolari, de se mettre au bridge – ma mère aussi joue au bridge – tout ça je ne peux pas l’éviter,
mais le carton, l’objet par excellence que tout le monde va recevoir et étudier, j’entends m’y pavaner seule, à l’écouteur,
Catherine secoue la tête avec un rictus de dégoût, je dis maman, pourquoi es-tu aussi égoïste, je ne suis pas égoïste, je ne
suis pas égoïste Yvan, tu ne vas pas t’y mettre toi aussi et me dire comme madame Roméro ce matin que j’ai un coeur de
pierre, que dans la famille nous avons tous une pierre à la place du coeur, dixit madame Roméro ce matin parce que j’ai
refusé – elle est devenue complètement folle – de la passer à soixante francs de l’heure non déclarée, et qui trouve le
moyen de me dire que nous avons tous une pierre à la place du coeur dans la famille, quand on vient de mettre un
pacemaker au pauvre André, à qui tu n’as même pas envoyé un petit mot, oui bien sûr c’est drôle, toi tout te fait rire, ce
n’est pas moi qui suis égoïste Yvan, tu as encore beaucoup de choses à apprendre de la vie, allez mon petit, file, file
rejoindre tes chers amis, va, va…
Silence.
Serge:
Et alors ? »]1 … :) :)
(merci à http://theatrart.free.fr/sons/monologue.pdf)