Après trois mois de convalescence suite au visionnage de ce film, je reviens pour mettre un terme à ce mal en proposant ma petite critique concernant le troisième film de la saga de Luc Besson : Arthur 3 : La Guerre des deux mondes. Et étant donné que le film précédent (Arthur et la Vengeance de Maltazard) avait l'air de jouer les grosses bande-annonces pour ce troisième opus, avons-nous été satisfait du résultat ?


Maltazard est passé dans le monde des humains, condamnant le passage à Arthur alors prisonnier du monde des Minimoys. En compagnie de Sélénia et Bétamèche, il va devoir trouver un moyen de revenir dans son monde pour aider son grand-père à arrêter les agissements de Maltazard, à présent assoiffé de conquêtes dans ce monde démesuré.

Pas plus de spoil.


Bon, on garde - malgré ces mois d'absence - une structure critique convenable : le scénario. C'est une véritable catastrophe ! En faite non. Mais si. Bien que non. Mais quand même ! Attendez ! Grosso-modo, on demeure sur les traces du deuxième film en accentuant l'angoisse de l'arrivée de Maltazard dans le monde des humains. Le problème, c'est que l'on y croit pas trente secondes... Je veux bien concevoir que ce film est avant tout destiné à un jeune public et que, de ce fait, il se doit de respecter une certaine forme de bienveillance vis-à-vis des jeunes enfants spectateurs mais là... non, je ne suis pas d'accord ! A quel moment Maltazard, alors "fier" de quelques deux bon mètres de haut, le corps rongé par le mal... est capable de se balader dans une ville, en plein jour, sans que personne - déjà le voit, ce qui est une aberration en soit ; c'est tout de même un pot énorme que le grand méchant face son entrée sans que personne ne le rencontre - ne soit effrayé par son apparence sans qu'on ne se pose la moindre question (parce qu'il parvient à croiser des gens et à discuter avec eux). Mon dieu mais par pitié, réfléchissez un minimum ! Quand bien même nous sommes dans une œuvre fantastique (et surtout parce que nous sommes dans une œuvre fantastique (low fantasy, ça revient quasiment au même, à quelques nuances près)), il devrait y avoir, si ce n'est des questionnements, des réactions apeurées de la part de tous les êtres humains présentés dans cette ville. Mais là, rien. Absolument rien si ce n'est une vague sensation de crainte, justifiée certes, mais presque parodique. Donc déjà, avec ça, l'immersion est quelque peu mise à mal. Et cela ne s'arrête pas là, bien sûr que non malheureux que vous êtes ! On a pu observer une forme de je-m'en-foutisme provenant des personnages tertiaires (les figurants quoi) mais on observe cette philosophie (à une moindre échelle, heureusement) chez les personnages principaux, notamment avec la famille de Arthur avec la fameuse scène de rencontre avec Maltazard (qui use d'un stratagème gros comme le monde mais que j'ai trouvé plutôt intéressant ; dommage qu'en fin de compte, il soit totalement inutile...) qui est d'une niaiserie sans nom... Et par ces deux exemples, on a littéralement ce qui ne va pas dans ce film : on y croit absolument pas parce que le film semble ne pas faire le moindre effort pour nous y faire croire un minimum. On reste dans une atmosphère bonne enfant, proposant des situations cocasses et des références humoristiques non dénuées d'amusement mais c'est tout : pas un seul instant nous sommes impliqué émotionnellement dans le suspense et l'angoisse d'une invasion imminente, à aucun moment ce grand Maltazard que l'on pouvait craindre dans le premier film n'aspire la crainte, comme si le fait de l'avoir fait grandir avait fait diminué son charisme d'antagoniste... Nous avons une véritable déconstruction d'histoire : tout ce qui avait fonctionné, de près ou de loin, dans les films précédents, ne fonctionne avec celui-là. On préfère accumuler des séquences fantaisistes - qui, je le rappelle, ne sont pas dénuées de "beauté artistique" - qui happent tout le danger que pourrait convoquer le scénario. On sauve à peu près les meubles avec la bataille finale, même s'il faut attendre le dernier quart pour avoir un véritable semblant d'épique. Concrètement, le scénario est bâclé en plus de se tirer un chargeur dans le pied. Si le deuxième film s'essoufflait grandement, ce troisième opus n'a guère plus de souffle pour garder notre attention suffisamment. En résulte un visionnage plat où seules quelques micro-scènes sont capables de susciter chez le spectateur une forme de respect et de divertissement. Autant dire que c'est d'un dommage absolu.


Et concernant les personnages, nous sommes dans une optique similaire. Le scénario semble décousu, ce n'est rien comparé aux personnages dont les évolutions "durement" acquises le long des deux films précédents sont totalement remaniées. Pour le cas d'Arthur, il n'y a rien à dire, on reste sur un caractère héroïque, un sens du sacrifice et une empathie reconnaissable et bienvenue. Par contre... Sélénia a reçu une évolution non négligeable au sein de la saga qui l'a amené à changer drastiquement, notamment dans son comportement, dans sa vision de la souveraineté... Des changements mélioratifs qui ont fait de ce personnage quelqu'un de meilleur alors pourquoi balayer deux films d'efforts pour replacer au centre des attentions une princesse capricieuse et "connasse" sur les bords ?! C'est incroyable : littéralement les premières minutes d'apparition sont destinées à nous montrer une Sélénia imbuvable, la même que l'on nous avait présenté lors du premier opus... et ce pour absolument tout le film ! Qu'est-ce qui ne va pas chez les scénaristes ? Et pour Bétamèche : alors, on a pas tellement un renversement caractériel à l'image de sa sœur mais à quel moment il est incollable sur les moyens de transport humain ? On pourrait se dire qu'Arthur a pris du temps pour lui expliquer diverses choses concernant les voitures et autres motos mais ça paraît tout de même assez peu probable. En soi, cela n'entrave pas forcément notre appréciation du personnage mais dès l'instant où il nous fait part de son intérêt (là, ça peut aller) ou de ces connaissances en la matière, autant avouer notre étonnement tant cela est inattendu. Et bien évidemment, on ne peut pas parler de gros bazar au sein des personnages sans parler de Darkos, le fils de Maltazard. C'est simple, on a un condensé de ce qu'il ne va absolument pas. Pour commencer, l'aller-retour incessant entre le côté gentil-méchant de Darkos qui en devient lassant et qui le fait passer, non pas pour un traître si il avait été un minimum bien écrit, mais juste pour un gros gland naïf qui se rend compte tout d'un coup que le monde n'est ni blanc ni noir et que tout le monde il est pas beau, pas gentil mais que franchement, c'est pas très gentil d'être méchant et que c'est mieux d'être gentil avant de redevenir méchant parce que ça manque un petit peu. Sincèrement, c'est sidérant de voir à quel point, et à quelle vitesse Darkos est capable de retourner sa chemise. Ce qui fait de lui un "running-gag" au sein de ce film. Sans parler du fait que lui aussi a les capacités de Bétamèche : là où je peux comprendre en quoi le minimys royal tire ses connaissances en mécanique, je ne comprends pas comment Darkos est capable de manier sans aucune difficulté une moto (et ne pas avoir peur d'utiliser un hélicoptère ; quand bien même la séquence est, je dois l'avouer, très drôle - même si elle utilise encore la seule et unique blague de la saga : "ça doit pas être plus difficile que de conduire [soit un moustique, soit une voiture]" ; à toutes les sauces, ça devient bof...). Et je ne parle pas du personnage du Passeur qui se retrouve décliné dans plusieurs rôles : ça aurait pu être amusant si c'était justifié par un lien de parenté par exemple, mais ça devient juste lourd.

En quelque sorte, peu de personnages parviennent à sortir du lot pour porter un film qui traîne déjà bien bas...


Pour la technique, force est de constater que l'on demeure sur quelque chose qui rejoint les deux films précédents : la qualité est présente, on reste sur un univers luxuriant bien que à bout de souffle mais la patte féerique est toujours là. Par contre, il y a tout de même un gros problème avec les versions agrandies des animaux ou des minimoys (vu que le but du film, c'est d'amener à une taille adulte des minimoys et autre pour conquérir le monde) où là, la magie opère assez difficilement. Enfin... ça se voit que c'est de la création numérique... L'immersion est tout de même un peu entaché par cela... Pour ce qui est des scènes d'action, nous avons de nombreuses séquences plaisantes sans pour autant être transcendantes.


Concernant les lieux et les paysages... Bon bah, étant donné que l'action principale se déroule en ville (humaine), bah voilà quoi... Néanmoins, on nous propose encore quelques cadres bucoliques fort sympathiques.


Pour la musique... C'est la même chose, on ne révolutionne rien sans pour autant apporter de l'originalité : des musiques discrètes et des reprises qui peuvent faire sourire.


Arthur 3 : La Guerre des deux mondes. Pourquoi 5/10 puisque peu de choses semble aller ou être digne d'intérêt dans un film qui se ramasse complètement. Déjà parce que je suis prisonnier d'une indulgence in-cro-ya-ble (vous ne pouvez pas imaginer à quel point). Cependant, c'est surtout pour une multitude de petites séquences : quelques mimiques, quelques échanges lors d'un combat, des retournements comiques... qui créent une forme d'empathie bienveillante quand bien même, et il faut être aveugle pour ne pas sans rendre compte, ce film est franchement une déception. On pouvait avoir tellement mieux... Mais le fait que l'on décide, comme ça, sur un coup de tête, de tout changer ne laisse que peu de chance à ce film pour plaire véritablement, et bien évidemment que c'est dommage quand on sait à quel point le premier film avait su proposer une ambiance, un univers aussi incroyable.

Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 13 juin 2022

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PhenixduXib

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